Vitamine D pour tous ? Le débat continue chez les scientifiques

Stéphanie Lavaud

Auteurs et déclarations

9 décembre 2016

Nouvelle-Zélande, Royaume-Uni – Une supplémentation en vitamine D a-t-elle un intérêt pour prévenir toute une ribambelle de pathologies comme cela a été suggéré il y a quelques années ? Faut-il en prendre au minimum l’hiver ? Il faut bien avouer qu’aujourd’hui, après avoir été présentée comme la panacée universelle, la vitamine D peine à concrétiser les espoirs suscités.

En s’appuyant sur les dernières méta-analyses qui ne montrent aucune preuve de son bénéfice [1], que ce soit sur la santé osseuse ou non-osseuse, certains scientifiques prônent le retour au naturel – alimentation et soleil – pour se fournir en vitamine D. D’autres continuent, au contraire, à préconiser de faibles doses pour tous. Quels sont leurs arguments en 2016 ? Le BMJ a donné la parole aux deux camps [2].

La si controversée vitamine D

Un certain flou existe quant aux réels bienfaits de la vitamine D, et par conséquent sur l’intérêt d’une supplémentation. Les recommandations de santé publique des différents pays occidentaux en témoignent.

  • L’US Preventive Services Task Forces s’est prononcée contre la supplémentation en vitamine D et calcium pour la prévention des fractures chez les femmes ménopausées en bonne santé. Cependant, le chercheur néo-zélandais Mark J Bolland et ses collègues notent que de nombreuses recommandations de sociétés savantes continuent à promouvoir une telle supplémentation [1].

  • Outre-manche, le Public Health England – sous la houlette du Scientific Advisory Comittee on Nutrition (SACN) – préconise, depuis l’été dernier, que chaque citoyen britannique reçoive l’équivalent d’une prise journalière moyenne de 10 µg (400 IU) pour protéger ses muscles et ses os [3]. Considérant qu’il est difficile d’atteindre cette dose quand le soleil vient à manquer, le SACN propose à la population d’avoir recours à des compléments alimentaires.

  • La France n’échappe pas à la règle : des recommandations officielles sur le dosage de la vitamine D et des prises de position divergentes (voir encadré).

Reste que, selon l’article du BMJ, plus de 30 à 50% des personnes âgées des pays riches prennent des suppléments de vitamine D.

Trois ans après notre dossier sur la vitamine D, qui déjà s’interrogeait sur le bien-fondé d’une telle supplémentation, en particulier l’hiver, la question n’est toujours pas tranchée.

POUR une supplémentation à faible dose en automne et en hiver

Pour le Dr Louis Levy (département de nutrition, Public Health England, Londres), la supplémentation ne fait pas de doute.

Ses principaux arguments sont : primo, les preuves de l’intérêt de la vitamine D sur la santé osseuse, deusio, le fait que 10 µg est la quantité journalière nécessaire pour s’assurer une concentration de 25-hydroxyvitamine D d’au moins 25 nmol/L quand l’exposition solaire est minimale, tertio, il est difficile de garantir cette quantité en tenant compte seulement de l’alimentation .

« Le Public Health England indique que manger de façon saine et équilibrée et prendre le soleil est susceptible de vous assurer une quantité suffisante de vitamine D. Mais en automne et en hiver la source est alors limitée à l’alimentation et tout le monde devrait envisager une supplémentation de 10 µg pendant cette période », écrit-il. D’autres populations à risque de manquer de vitamine D devraient, quant à elles, se supplémenter toute l’année : c’est le cas des « personnes fragiles, institutionnalisées ou de celles qui portent des vêtements couvrant l’ensemble du corps, mais aussi des personnes à la peau foncée, originaires d’Afrique, des Caraïbes et d’Asie du Sud qui pourraient ne pas synthétiser assez de vitamine D pendant les mois d’été ».

Pour le Dr Levy, une prise quotidienne de 10 µg ne peut pas entrainer de surdosage, qui n’intervient que pour des doses d’au moins 100 µg/jour. Il invite néanmoins à ne pas multiplier les compléments alimentaires, trop de vitamine D pouvant conduire à une hypercalcémie, une déminéralisation osseuse, une calcification des tissus mous et une atteinte rénale.

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