Cancer de prostate non métastatique résistant à la castration : chimio ou pas ?

Aude Lecrubier

Auteurs et déclarations

8 décembre 2016

Ils précisent enfin que le terme de « non-métastatique » en lui-même est souvent inapproprié. A titre d’exemple, un patient avec un taux de PSA élevé après     prostatectomie radicale a, soit un foyer résiduel de la maladie dans la loge prostatique, soit des métastases microscopiques, soit les deux.

 
Il serait naïf et irresponsable de proposer l’utilisation de la chimiothérapie à tous les patients atteints d’un cancer de la prostate non-métastatique --     Drs Evan Y. Yu et Daniel W. Lin
 

Cependant, outre ces arguments plutôt en faveur de la chimiothérapie précoce, ils soulignent qu’il s’agit d’un groupe très hétérogène et qu’il serait «     naïf et irresponsable de proposer l’utilisation de la chimiothérapie à tous les patients atteints d’un cancer de la prostate non-métastatique. »

« Il est désormais clair que le docétaxel associé à la déprivation androgénique est bénéfique pour les patients atteints de cancer de la prostate     métastatique, le challenge est d’identifier les patients qui sont à des stades plus précoces de la maladie, qui ont une maladie agressive et qui peuvent     bénéficier d’une chimiothérapie précoce », indiquent-ils.

En pratique, à l’heure actuelle, ils indiquent qu’ils n’utilisent pas la chimiothérapie de façon régulière après une prostatectomie adjuvante « parce que     les données des essais présentées récemment sont contradictoires. »

Un niveau de preuves insuffisant

Dans la position du « contre », les Drs Tomasz Beer, Julie N. Graff et Joshi J. Alumkal (Oregon Health     and Science University, Portland) ne remettent pas en question les résultats encourageants obtenus avec le docétaxel dans les études récentes qui ont     inclus des patients avec des maladies non-métastatiques [2].

Toutefois, ils ajoutent que bien que les résultats des essais STAMPEDE, GETUG-12 et     RTOG-0521 aient montré des améliorations significatives en termes de survie     sans progression chez les patients recevant une chimiothérapie à base de docétaxel + déprivation androgénique vs déprivation androgénique seule,     aucun bénéfice sur la survie globale n’a été observé dans l’essai GETUC-12 ou le sous-groupe non-métastatique de l’essai STAMPEDE.

Aussi, si une analyse précoce de l’essai RTOG-0521 a montré une légère amélioration de la survie globale statistiquement significative, il semble qu’elle     ait été due aux décès non associés au cancer, indiquent-ils.

Enfin, ils citent deux autres études, VA CSP 533 et SPCG12 qui ont également évalué l’utilisation du docétaxel sans     déprivation androgénique chez des patients atteints d’un cancer de la prostate localisé mais qui n’ont pas montré d’amélioration sur la survie sans     progression.

Quid de la tolérance ?

 
Il faudra attendre la démonstration de l’amélioration de la survie globale avec un profil de tolérance acceptable sur le long terme pour confirmer     l’intérêt du docétaxel en adjuvante ou en cas de récidive biochimique.
 

Selon les trois médecins, les bénéfices incertains de la chimiothérapie doivent aussi être évalués par rapport à la toxicité à court et à moyen terme du     docétaxel.

« Outre la neuropathie, la chimiothérapie peut induire un déclin cognitif dans les domaines de l’attention, la mémoire et la vitesse de traitement de     l’information même 10 à 20 ans après le traitement. Ces effets à long terme sont particulièrement préoccupants alors que la maladie est à un stade précoce     et qu’une survie de 10 à 20 ans est tout à fait possible », indiquent-ils.

Pour le moment, il est prématuré de conclure que le docétaxel a un rapport bénéfice-risque positif chez les patients à haut risque qui ont un cancer de la     prostate localisé ou une récidive biochimique du PSA, concluent-ils.

« Il faudra attendre la démonstration de l’amélioration de la survie globale avec un profil de tolérance acceptable sur le long terme pour confirmer     l’intérêt du docétaxel en adjuvante ou en cas de récidive biochimique chez les hommes atteints d’un cancer de la prostate. »

 

Le Dr Yu a reçu des honoraires d’Astellas, Bayer, Dendreon, Ferring, Janssen et Tokai. Son institution a reçu des financements de recherche d’Astellas,         Bayer, et Dendreon. La Dr Lin a reçu des honoraires d’Astellas, Bayer, Dendreon et Myriad. Son institution a aussi reçu des financements de recherche         de Genome Dx et Genomic Health. Le Dr Graff a reçu des financements de recherche de Sanofi.

 

REFERENCES:

1.Yu E. Lin D. Avoiding Undertreatment of Aggressive Prostate Cancer by Early Use of Chemotherapy JAMA oncol. Publié en ligne le 3 novembre 2016.

2. Graff J, Alumkal J, Beer T.    Should Chemotherapy Be Used in Nonmetastatic Prostate Cancer? JAMA oncol.     Publié en ligne le 3 novembre 2016.

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