Seattle, Etats-Unis – Ni trop, ni trop peu : dans un article du JAMA Oncology, deux groupes d’experts évoquent les difficultés à choisir de traiter plus agressivement les cancers de prostate non métastatiques, devenus résistants à la castration. Comment naviguer entre le risque de survenue d’effets indésirables graves liés à la chimiothérapie chez un patient dont la maladie aurait peu évolué et le risque d’évolution défavorable chez un sujet qu’on laisserait uniquement sous déprivation androgénique ?
La solution passerait par une meilleure sélection des patients.
Aujourd’hui, pour les patients atteints d’un cancer de la prostate devenu résistant à la castration (CRCP) à un stade métastatique, associer une chimiothérapie par docétaxel à la déprivation androgénique est devenu, depuis peu, le traitement de référence.
En revanche, l’utilisation plus précoce de la chimiothérapie pour les cancers non-métastatiques ne fait pas consensus.
Dans l’édition en ligne du JAMA Oncology en date du 3 novembre, les experts s’affrontent précisement sur l’intérêt ou non de l’utilisation précoce de la chimiothérapie dans le CRPC localisé [1,2].
Chimiothérapie : quelques résultats encourageants…
Prenant la position du « pour », les Drs Evan Y. Yu et Daniel W. Lin (University of Washington School of Medicine, Seattle) soulignent qu’en dépit de la controverse autour du sur-diagnostic et du sur-traitement du cancer de la prostate, il faut aussi prendre en considération la question du sous-traitement [1].
Ils indiquent que « bien que de nombreux patients atteints de cancer de la prostate n’en meurent pas, la maladie est très hétérogène et 26 000 hommes décèdent chaque année aux Etats-Unis de cette pathologie. »
Une bonne raison pour mieux sélectionner les patients qui pourraient bénéficier du traitement plus agressif.
Les deux médecins rappellent que deux vastes essais randomisés CHAARTED et STAMPEDE ont montré qu’ajouter la chimiothérapie à la déprivation androgénique augmentait la survie des patients atteints de cancers de la prostate hormono-sensibles métastatiques.
Ils ajoutent que l’essai STAMPEDE a également inclus 1200 patients atteints de cancers non-métastatiques à haut risque. Et que les résultats préliminaires, s’ils ne montrent pas de différence de survie globale statistiquement significative, montrent que le docétaxel prolonge la survie sans progression de façon « substantielle ».
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Citer cet article: Aude Lecrubier. Cancer de prostate non métastatique résistant à la castration : chimio ou pas ? - Medscape - 8 déc 2016.
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