Dysfonction érectile après prostatectomie: un espoir avec les cellules souches

Vincent Richeux

Auteurs et déclarations

5 décembre 2016

« Les cellules souches de la moelle osseuse agissent en produisant des facteurs neurotrophiques et angiogéniques, qui contribuent à régénérer le réseau vasculaire », a expliqué le Pr Yiou auprès de Medscape édition française. Un effet confirmé par la hausse du flux artériel pénien chez les patients traités. La néovascularisation favoriserait ensuite l’innervation.

« C’est la première fois qu’un traitement aboutit à une restauration au moins partielle de la fonction érectile », note le chercheur, qui souligne, par ailleurs, qu’aucun effet secondaire n’a été observé. Il reste à vérifier si d’autres sources de cellules souches pourraient être plus appropriées.

« Si les résultats de cette étude sont confirmés par d’autres essais cliniques contrôlés, les indications de la thérapie cellulaire pourraient s’élargir aux autres formes de troubles de l’érection, moins sévères, ou résultant de maladies générales comme le diabète ou autres maladies vasculaires ».

Thérapie cellulaire ou chirurgie?

Actuellement, une douzaine d’essais cliniques sont menés dans le monde. « La plupart utilisent des cellules souches issues du tissu adipeux, provenant de la fraction stroma-vasculaire », qui contient une population de cellules hétérogènes régénératives. Les autres testent des cellules de la moelle osseuse, du placenta ou encore du sang de cordon ombilical.

 
A eux [aux urologues] de décider s’il faut considérer le procédé comme une intervention chirurgicale ou comme une thérapie cellulaire – Pr René Yiou
 

Alors que le prélèvement de tissu adipeux nécessite une digestion enzymatique pour extraire les cellules souches, le recours à la moelle osseuse semble plus judicieux. « L’intervention peut s’apparenter à n’importe quelle autre chirurgie réparatrice consistant, par exemple, à prélever la muqueuse buccale pour reconstruire un urètre », indique le Pr Yiou.

« En considérant ce procédé comme une intervention chirurgicale et non pas comme une thérapie cellulaire, telle que définie par l’Agence nationale de sécurité du médicament, la validation du procédé éviterait le passage obligé par des expérimentations animales extrêmement poussées. »

Comment, dès lors, qualifier le traitement ? Le chercheur appelle à la communauté des urologues à se pencher sur la question. « A eux de décider s’il faut considérer le procédé comme une intervention chirurgicale ou comme une thérapie cellulaire ».

 

REFERENCES:

  1. Yiou R, Cellules souches et troubles de l’érection, 110e congrès de l’AFU, Paris, 17 novembre 2016

  2. Yiou R, Hamibou L, Birebent B, Bitari D, Safety of Intracavernous Bone Marrow-Mononuclear Cells for Postradical Prostatectomy Erectile Dysfunction: An Open Dose-Escalation Pilot Study, European Urology, Vol 69, Issue 6, juin 2016, pp 988-891

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