Paris, France — L’injection de cellules souches autologues d’origine médullaire dans le pénis permet une amélioration de la fonction érectile chez les patients souffrant de troubles sévères de l’érection après prostatectomie radicale, selon une étude clinique pilote, présentée par le Pr René Yiou (CHU Henri-Mondor, APHP, Créteil), lors du 110ème congrès de l'Association française d'urologie (AFU) [1].
« Ces résultats préliminaires sont encourageants. Même si ce n’est probablement pas une solution miracle, cette thérapie cellulaire peut être assimilée à un traitement adjuvant, en permettant aux patients souffrant d’une dysfonction érectile de devenir répondeurs aux inhibiteurs de la PDE5 », a souligné le Pr Yiou.
La dysfonction érectile est une conséquence fréquente du traitement chirurgical du cancer de la prostate. L’ablation totale de prostate peut, en effet, endommager les vaisseaux et les nerfs du pénis accolés aux faces de latérales de la prostate, qui sont notamment impliqués dans la fonction érectile.
Jusqu’à 2 milliards de cellules injectées
Ce petit essai pilote [2], conduit par le Pr Yiou et son équipe (Unité Inserm 955 « Institut Mondor de recherche biomédicale »), a inclus 12 patients présentant des troubles sévères de l’érection, considérés comme irréversibles. Dans ce cas, un traitement maximum combinant injection de prostaglandine dans le pénis, utilisation d’iPDE5, comme le Viagra®, et application de la pompe à érection (vaccum) reste inefficace à deux ans.
De plus, l’écho Doppler montrait chez ces patients des lésions sévères des vaisseaux sanguins irriguant le pénis. « Lors de la chirurgie, les dommages causés sur le maillage vasculaire et nerveux entourant la prostate peut réduire la stimulation nerveuse et l’afflux sanguin au niveau caverneux, engendrant ainsi une dégénérescence des cellules musculaire et endothéliales », a expliqué l’urologue.
Pour cet essai, quatre groupes de patients ont été constitués pour tester quatre doses de cellules souches, avec un maximum de 2 milliards de cellules injectées. Les cellules ont été obtenues après prélèvement de moelle osseuse sur le patient et concentration par centrifugation. Chaque patient a reçu une unique injection.
Pour évaluer les effets de la greffe de cellules, les volontaires ont dû répondre à un auto-questionnaire sur leur satisfaction concernant les rapports sexuels, la fonction érectile, le désir sexuel et la rigidité du pénis lors des rapports.
Régénération du réseau vasculaire
Six mois après l’injection, les principaux scores de satisfaction sexuelle se sont nettement améliorés. Le score moyen évaluant la fonction érectile a gagné 10 points, passant de 7 à 17 points sur une échelle de 30. Et, la satisfaction globale des rapports sexuels de 3,9 à 6,8 sur 10.
Au moins deux patients ont décrit une réapparition d’érections normales comme avant la prostatectomie, sans prise de traitement. Les bénéfices étaient plus marqués avec les doses plus élevées. Autre résultat à souligner: la thérapie s’est accompagnée d’une augmentation moyenne de 1 cm de la longueur du pénis.
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Citer cet article: Vincent Richeux. Dysfonction érectile après prostatectomie: un espoir avec les cellules souches - Medscape - 5 déc 2016.
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