Algodystrophie : la rééducation sous hypnose donne de bons résultats

Aude Lecrubier

Auteurs et déclarations

30 novembre 2016

Paris, France — Associer l’hypnose à la rééducation par kinésithérapie améliore très significativement la prise en charge du syndrome algoneurodystrophique (SDRC) de la main et du poignet, selon une petite étude prospective présentée au congrès de la SOFCOT 2016 [1].

«Il s’agit de la première étude sur l’algodystrophie et l’hypnothérapie associée à la kinésithérapie et elle montre qu’il s’agit d’un moyen de prise en charge efficace du syndrome douloureux régional complexe de type 1 (SDRC) de la main et du poignet, quelle que soit la phase évolutive. Elle est applicable à tout individu et sans effet secondaire notable », a commenté le Dr Julie Lebon (Institut de l’appareil locomoteur, CHU de Toulouse, Unité d’orthopédie de Purpan), auteur principal de l’étude.

En introduction de sa présentation, le Dr Lebon a rappelé que la physiopathologie du SDRC, anciennement appelé algoneurodystrophie est probablement la résultante d’un emballement du système nerveux sympathique, de la perturbation du schéma corporel et de facteurs psychologiques. Elle a souligné que la prise en charge était difficile, longue et aléatoire. Son incidence est de 25/100000 habitants avec un impact socio-économique majeur et peu de traitements à médiation psychologique validés.

Le protocole KHM

Une première étude rétrospective effectuée dans le service du CHU de Toulouse avait été réalisée en 2013 sur l’intérêt du protocole KHM associant kinésithérapie, hypnose et MEOPA (Mélange équimolaire d'Oxygène et de Protoxyde d'Azote) chez 69 patients, avec de bons résultats.

Hypnose + MEOPA
Contrairement à l’hypnose conversationnelle, l’hypnose avec MEOPA assure une analgésie de surface, une sédation consciente, une anxiolyse et une euphorie. Elle permet une « meilleure focalisation sur autre chose » et une adhésion active. La méthode donne l’impression d’avoir fait un rêve agréable et limite l’appréhension pour le geste futur [2].

Aujourd’hui, le Dr Lebon présente les résultats d’une étude prospective qui a inclus consécutivement tous les patients présentant un SDRC de type 1 main-poignet dans le service d’orthopédie du CHU de Purpan, quelle que soit la phase évolutive, entre le 1er mai 2014 et le 30 avril 2015.

 
Il s’agit de la première étude sur l’algodystrophie et l’hypnothérapie associée à la kinésithérapie et elle montre qu’il s’agit d’un moyen de prise en charge efficace – Dr Julie Lebon
 

Les 20 patients inclus (13 femmes et 7 hommes) ont bénéficié d’une évaluation complète (examen clinique, scores fonctionnels, bilan radiologique, photographies) avant la première séance et après la dernière séance de KHM.

Le critère principal de jugement était la diminution de la douleur (EVA, consommation d’antalgiques), la raideur (mobilité poignet et doigts) et la force de pince et de poigne. Les critères secondaires de jugement étaient les scores fonctionnels (DASH, PWRE), la satisfaction du patient, la reprise du travail et les effets indésirables.

Les participants avaient un âge moyen 56 ans (34-75) et avaient un terrain psychologique à risque dans 50 % des cas. Les étiologies étaient post-opératoires dans 90 % des cas, principalement après des fractures du radius distal et des chirurgies du canal carpien. Treize patients étaient en phase inflammatoire et 7 en phase dystrophique. La durée moyenne des séances de KHM était d’une heure, le rythme des séances était hebdomadaire ou bihebdomadaire. Les séances se sont déroulées en deux phases : une phase d’induction : dissociation/protection du patient contre la douleur et une phase de thérapie : physiothérapie et mobilisation passive. Le MEOPA a été utilisé dans 60 % des cas.

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