Prothèse de hanche en ambulatoire en pratique : nos questions au Dr Pansard

Dr Isabelle Catala

Auteurs et déclarations

29 novembre 2016

Dr Erwan Pansard

Paris, France -- A l’occasion du congrès de la Société française de chirurgie orthopédique et traumatologique (SOFCOT), Medscape édition française s’est entretenu avec le Dr Erwan Pansard, chirurgien orthopédiste à l’Hôpital Ambroise Paré (APHP, Boulogne-Billancourt) qui a développé une activité ambulatoire de pose de prothèse de hanche au sein du service de chirurgie orthopédique et traumatologique. Après avoir développé la chirurgie ambulatoire des pathologies ligamentaires et tendineuses du genou, de l’épaule et du pied, l’équipe du Pr Philippe Hardy s’est engagé dans un nouvel aspect de ce mode de prise en charge [1].

Medscape édition française : La chirurgie ambulatoire des prothèses de hanche est une nouvelle approche. De quand date-t-elle ?

Dr Erwan Pansard : Cela fait plus de 40 ans que la mise en place de prothèses de hanche est devenu un geste quotidien dans les services d’orthopédie. Depuis cette date, des progrès énormes ont été fait tant du point de vue du matériel que des techniques chirurgicales.

Il y a 15 ans, la durée moyenne d’hospitalisation dans les suites de la mise en place d’une prothèse de hanche s’établissait à au moins 5 jours, durée qui a progressivement été ramenée à 48 h. En France, c’est en 2013 à Bayonne que la première intervention en ambulatoire a été réalisée [2]. Dans un premier temps, ce type d’arthroplastie a été proposé en libéral et depuis quelques années, le secteur hospitalier a choisi de développer cette approche.

A l’AP-HP, la première pose de prothèse totale de hanche a eu lieu à l’hôpital Cochin en juillet 2015 dans le service du Pr Philippe Ancrat, chez un patient de 52 ans souffrant d’une arthrose de hanche sur nécrose.

A Ambroise Paré, notre premier patient a été opéré en septembre 2015 grâce à la mise en place d’un protocole multidisciplinaire coordonné dans lequel les anesthésistes du service d’anesthésie-réanimation – et en particulier le Dr Guy Kuhlman – ont joué un rôle prépondérant.

 
La prise en charge en ambulatoire rend la phase post-opératoire et la récupération plus rapide.
 

Comment une chirurgie de ce type a-t-elle pu être développée ?

E P - Les orthopédistes ont progressé sur le plan chirurgical avec les techniques mini-invasives utilisant de petites incisions. La voie antérieure qui nécessite un écartement des muscles mais aucune section a été privilégiée. Cette approche limite les problèmes de stabilité post-opératoire et le risque de luxation. En outre, elle permet d’éviter les pertes sanguines et de simplifier les suites opératoires en diminuant les douleurs.

La prise en charge médicale a aussi fait de gros progrès en particulier dans le domaine de l’anesthésie : réveil facilité grâce aux anesthésies générales au gaz, rachianesthésie, de même que la prise en charge chirurgicale : infiltration d’antalgiques peropératoires qui permet d’éviter la titration de morphine en salle de réveil et son utilisation en post-opératoire.

Enfin, le recours à l’Exacyl ® (acide tranexamique) en peropératoires permet de diminuer les saignements.

Les services de chirurgie ambulatoire ont été aménagés aussi pour faciliter ce type de prise en charge : ainsi, avec le circuit patient, la continuité des soins est fluidifiée, puisque l’aménagement des locaux permet d’avancer logiquement dans le parcours de soins jusqu’à la sortie d’hospitalisation.

La prise en charge en ambulatoire rend la phase post-opératoire et la récupération plus rapide. L’incidence des complications thromboemboliques est abaissée par la mobilisation précoce.

La différence se fait dans le postopératoire immédiat et elle décroit avec le temps. A un an, les courbes de récupération se rejoignent.

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