Dabigatran antidoté en conditions réelles: efficacité confirmée dans REVERSE-AD

Vincent Bargoin, avec Steve Stiles

Auteurs et déclarations

24 novembre 2016

Nouvelle-Orleans, Etats-Unis – L’efficacité de l’idarucizumab (Praxbind®, Boehringer Ingelheim), un antidote du dabigatran (Pradaxa®, Boehringer Ingelheim) se confirme, avec des résultats complets de l’étude REVERSE-AD, présentés au congrès de l’American Heart Association (AHA) 2016 [1].

En substance, l’antidote se révèle capable de normaliser l’hémostase des patients sous dabigatran en 4 heures, et pour une durée de l’ordre de 48 heures, et ceci chez pratiquement 100% des patients admis aux urgences avec une hémorragie ou nécessitant une intervention chirurgicale immédiate alors qu’ils sont anticoagulés.

Ce résultat est une confirmation. L’an dernier en effet, des données préliminaires de REVERSE-AD avaient été présentées au congrès de l’International Society for Thrombosis and Haemostasis (ISTH), et publiées par le New England Journal of Medicine [1]. Il s’agissait alors de 90 patients ; aujourd’hui de 500 : malgré tout un changement d’échelle, donc.

Les résultats de REVERSE-AD sont « extrêmement convaincants », a estimé le Dr Christian T Ruff (Brigham and Women's Hospital, Boston), qui commentait la présentation du Dr Charles V Pollack (Thomas Jefferson University, Philadelphia).

Antidoter à bon escient

Par un vrai-faux paradoxe, cette efficacité semble toutefois poser aujourd’hui la question d’un éventuel sur-emploi de l’antidote. La présence dans REVERSE-AD de quelques patients antidotés pour la pose d’un pacemaker notamment, a suscité critiques et inquiétudes.

« Certains patients considérés comme devant subir une chirurgie urgente dans REVERSE-AD, avaient probablement besoin de l’antidote », mais « nous implantons régulièrement des pacemakers chez des patients sous anticoagulant à pleine dose, et en ce cas, nous n’avons pas besoin de l’antidote », a ainsi souligné le Dr Gordon F Tomaselli (Johns Hopkins University, Baltimore) auprès de Medscape International. (Le Dr Tomaselli ne fait pas partie des auteurs de REVERSE-AD).

L’administration d’idarucizumab n’a en effet rien d’anodin : dans REVERSE-AD, on compte 4,5% d’évènements thrombotiques à 30 jours.

« Mon opinion est que [l’idarucizumab] est une mesure de première ligne chez un patient prenant du dabigatran, et victime d’un évènement mettant en jeu son pronostic vital : hémorragie importante ou procédure ou chirurgie à effectuer en urgence », a indiqué le Dr Ruff.

 
Pour un saignement sévère, je ne pense pas qu’il existe des antidotes qui puissent faire une grande différence-- Dr Gordon F Tomaselli
 

« Je pense que l’idarucizumab est utile, mais que nous avons besoin d’acquérir de l’expérience sur la manière de l’utiliser en pratique clinique », a pour sa part indiqué le Dr Graham Nichol (University of Washington, Seattle) à Medscape International. « Un aspect est que le traitement est plutôt cher. Mais je pense que nous l’utiliserons chez des personnes victimes d’un traumatisme majeur ou de saignement intracrânien. Nous voyons davantage de ces patients, au fur et à mesure que l’on passe des AVK aux anticoagulants oraux ».

Pour le Dr Tomaselli, « le problème clinique le plus sérieux est le saignement intracrânien. Et la question n’est pas la rapidité de l’antidote : pour un saignement sévère, je ne pense pas qu’il existe des antidotes qui puissent faire une grande différence. On dispose de très peu de temps pour être efficace ».

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