2014-2016 : des résultats moins bons
Autre changement observé au cours de ces deux dernières années, le nombre de réductions réalisées aux urgences a atteint deux tiers des cas contre à peine un tiers des cas dans la série rétrospective (2004 à 2014).
Enfin, étonnamment, les résultats semblent significativement moins bons depuis 2014.
La réduction de la fracture a été jugée anatomique dans près de 70 % des cas dans la série rétrospective (2004-2014) contre un peu plus de la moitié des cas dans la série prospective, plus récente. Le défaut de réduction concernait principalement les défauts d’axe et de translation.
« On peut se poser la question de l’influence et de la qualité de la réduction des fractures diaphysaires de jambe de l’adolescent aux urgences bien qu’aucune corrélation n’ait été retrouvée entre le type de réduction et le défaut post-réductionnel observé », a indiqué l’oratrice.
Conséquences de ces défauts de réduction, les déplacements secondaires étaient un peu plus importants dans la série prospective récente. En dépit du remodelage, il persistait 15 % de déplacements résiduels non corrigés.
« Cela souligne l’importance de la qualité de la réduction initiale qui doit être la plus anatomique possible et la nécessité de la reprise chirurgicale si un déplacement secondaire est constaté », a commenté le Pr Pierre Journeau (CHU Nancy).
Le chirurgien a également précisé que : « devant le nombre élevé de déplacements secondaires, une indication pour une ostéosynthèse rigide devrait être discutée et ce le plus précocement possible, en fonction des tranches d’âge ». « Pour s’aider, l’analyse de la zone 1 et 2 de la physe tibiale proximale, en cas de doute, doit être corrélée, à notre sens, à la réalisation d’un âge osseux au coude », a-t-il ajouté.
Fractures du tibia : comparaison des résultats des deux séries
Critère |
Série prospective (2014-2016) |
Série rétrospective (2004-2014) |
Caractéristiques patients et traumatismes |
||
Nombre de fractures |
488 |
85 (recul minde 6 mois) |
Prise en charge en milieu pédiatrique |
59 % (41 % en service adulte) |
50 % |
Age moyen |
14,8 |
15 |
Sexe |
78 % de garçons |
75 % de garçons |
Obésité |
0 |
|
Monofracturés |
84 % |
75 % |
Monotraumatisés |
93 % |
75 % |
Accidents à haute énergie cinétique |
2/3 |
Importants |
Accidents de la voie publique |
40 % |
58 % (80 % avec véhicules motorisés) |
Accidents sportifs |
60 % (sports de glisse + football = 64 %) |
42 % (30 % football, 30 % sports de glisse) |
Localisation diaphysaire |
79 % |
80 % |
Traitement |
||
Traitement orthopédique |
39 % (réduction > 60 % des cas) |
28 % (70 % AG + immobilisation) |
Traitement chirurgical |
61 % dont : -60 % centromédullaire pour les prises en charge adulte -23 % ECMES -18 % fixateurs externes -Autres… |
72 % dont : -50 % centromédullaire alésé avec un verrouillage statique -29 % ECMES (Embrochage Centro Médullaire Elastique Stable) -15 % fixateurs externes -Autres… |
Immobilisation plâtrée |
- |
40 % (28 % traitements orthopédiques + minorité de traitement chirurgical, plutôt en complément de l’ECMES |
Prophylaxie antibiotique |
- |
72 % (plus fréquente par les orthopédistes adultes p=0,02 et âge ≥ 15 ans |
Reprise appui moyenne |
- |
8 semaines mais un appui immédiat autorisé après un enclouage si montage jugé stable et réduction anatomique. |
Résultats |
||
Anatomique |
53 % |
69 % |
Complications immédiates |
25 % |
31 % |
Cutanées |
7% |
Les plus fréquentes |
Fractures ouvertes |
16 % |
25 % |
Vasculaires (ruptures ou compression artérielle ou nerveuse) |
Plus rares |
Plus rares |
Complications secondaires |
32 % |
36 % |
Osseuses |
27 % (5 % défaut de réduction, 12 % déplacement secondaire, 7 % retard de consolidation et défaut d’axe) Plus fréquentes : -dans population prise en charge en milieu pédiatrique -en cas association avec polytraumatisme -en cas osthéosynthèse ECMES -en cas traitement orthopédique |
36 % |
Cutanées |
7 % |
10,5 % |
Syndrome de Loges, TVP |
0 % |
6,5 % |
Reprises |
16,5 % (plus de la moitié sous AG) |
15 % |
Complications tardives |
Pas de recul suffisant |
10 % |
Osseuses |
Un cas sur 6 |
|
Persistance de défaut de réduction |
5,5 % (plus fréquents en cas d’ECMES) |
|
Déplacements secondaires |
15 % de déplacement résiduels non corrigés Après : -ECMES 28 % -Traitement orthopédique 20 % |
|
Infection site opératoire |
Plus fréquente en cas d’absence d’antibiothérapie sur fracture ouverte |
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Citer cet article: Aude Lecrubier. Fractures des membres inférieurs de l’adolescent : 10 ans de progrès - Medscape - 22 nov 2016.
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