Paris, France – On vous interdit la publicité sur la cigarette à l’écran sous forme de publicité : investissez carrément (dans) le film lui-même. Telle serait la recette apparemment gagnante de l’industrie du tabac.
Lors du Congrès Mondial du Cancer , une discussion a été consacrée à la mise en scène du tabagisme au cinéma [1]. Yana Dimitrova (Ligue contre le Cancer) qui animait la discussion, a expliqué comment la Ligue contre le Cancer s’y prend pour évaluer le cinéma français dans ce domaine.
Depuis 10 ans, chaque année, les 30 films français les plus populaires (selon les chiffres d’entrées du Centre National de la Cinématographie) sont visionnés : les cigarettes fumées y sont comptabilisées, mais aussi les images suggestives (typiquement le briquet à côté du cendrier, le tout bien en évidence à l’image).
Des images de tabagisme dans près de 90% des films français
Les résultats obtenus pour la période 2005-2010 ont été publiés ; les résultats obtenus depuis 2011, pas encore.
En substance, des images de tabagisme apparaissent dans près de 90% des films français – contre environ 50% des films américains, précise Yana Dimitrova
90% des films, c’est beaucoup – beaucoup plus que la proportion de fumeurs en France, qui est de l’ordre de 30%. On voit que le ratio n’est pas en faveur d’une diffusion passive de la proportion de fumeurs de la vie réelle à l’écran. On objectera naturellement qu’à partir de 4 personnages dans un film, il est statistiquement probable qu’il se trouvera un fumeur. Certes. Mais même un gros fumeur ne fume pas 24h/24, Et par ailleurs, un film représente au maximum 2 h de la vie d’un personnage. Or, dans cette étroite fenêtre temporelle, pour que 90% des films captent un instant-cigarette, on peut dire qu’ils visent bien.
En fait, le cinéma est pour la publicité un support de rêve. En France, 92% des 15-17 ans déclarent être allés au cinéma au moins une fois dans l’année. En comptant une durée de mise en scène du tabagisme de 2,6 minutes en moyenne, la Ligue arrive à la conclusion que chaque français voit en moyenne une trentaine de pubs pour le tabac chaque année. La loi Evin, interdisant la publicité sur le tabac, remonte à 1991. L’industrie du tabac semble avoir trouvé dans les films eux-mêmes un très bon produit de substitution.
Stalone et son contrat à 500 000 dollars Dans les années 90, se sont tenus aux Etats-Unique quelques procès retentissants, condamnant les liens entre l’industrie du tabac et celle du cinéma. |
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Citer cet article: Vincent Bargoin. Tabac au cinéma : pour le glamour ou le marketing ? - Medscape - 7 nov 2016.
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