Genève, Suisse – Depuis longtemps défavorable à la e-cigarette, l’OMS persiste et signe au travers d’un rapport mis en ligne à l’occasion de la prochaine 7ème session du WHO Framework Convention on Tobacco Control (Delhi, 7-12 novembre 2016) [1].
Cette position ne fait pas l’unanimité, puisque les autorités de santé britannique ont publié fin août un rapport prudent, mais globalement favorable à la e-cigarette comme outil de sevrage tabagique.
En fait, on peut soupçonner le rapport de l’OMS d’être le contre-feu à la position britannique. Donc, logiquement, réponse du berger à la bergère : les britanniques entreprennent à leur tour de critiquer point par point le rapport de l’OMS [2].
L’information est révélée par le site Journalisme et Santé publique : à voir la position de l’OMS, très anti e-cigarette, « pour un peu on sombrerait complotiste… », écrit Jean-Yves Nau.
Sur la e-cigarette, le brexit déjà
Pour ceux qui n’auraient pas suivi, reprenons. Cet été, Public Health England se distingue de la plupart des agences nationales et internationales de santé, en publiant un rapport présentant la e-cigarette comme une chance dans la lutte contre le tabagisme. Certes, la e-cigarette n’est pas parfaite. Mais, avec le pragmatisme qu’on leur connait, les britannique mettent en avant 3 aspects :
Premièrement, « la e-cigarette est environ 95% moins toxique que le tabac à fumer ».
Deuxièmement, « près de la moitié de la population (44,8%) n’a pas conscience que la e-cigarette est beaucoup moins toxique que le tabac ».
Troisièmement, « il n’y a pas de preuve que la e-cigarette facilite l’entrée dans le tabagisme des enfants et des non-fumeurs ».
Hasard du calendrier, le jour même de la publication du rapport britannique, une étude américaine sortait dans le JAMA, qui suggérait au contraire ce rôle facilitateur de la e-cigarette vers le tabagisme.
Reste cependant les deux premiers aspects qui, eux, semblent à priori difficile à démentir.
Or, démolir la position britannique est précisément ce à quoi s’emploie le nouveau rapport de l’OMS.
Pragmatisme ou laxisme ?
Ainsi, quand Public Health England parle d’une toxicité réduite de 95%, l’OMS estime seulement « vraisemblable » la moindre toxicité de la e-cigarette par rapport au tabac à fumer. Et d’ajouter, pour bien enfoncer le clou que « aucune affirmation quantifiant « de combien » ce risque est diminué par rapport au tabac n’a la moindre crédibilité scientifique aujourd’hui ».
Les oreilles britanniques ont donc dû siffler. D’où la réponse du UK Centre for Tobacco and Alcohol Study (UKCTAS) : « Nous sommes d’accord sur le fait qu’une quantification précise est difficile […] mais pas sur le fait qu’un ordre de grandeur est impossible à estimer […]. Public Health England et l’Académie Royale de Médecine ont analysé les données et aboutissent à des conclusions très voisines : la e-cigarette expose à 5% du risque de la cigarette pour Public Health England, et probablement pas supérieur à 5% pour l’Académie Royale de Médecine ».
Preuve que l’UKCTAS se positionne bien en challenger de l’OMS sur la cigarette électronique : la réponse au rapport international publiée par les britanniques, est accessible en 104 langues. (En lien, la version Malayalam, langue dravidienne qui s’est séparée du Tamoul vers le Xe siècle, comme chacun sait). |
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Citer cet article: Vincent Bargoin. E-cigarette : le Royaume-Uni contre le reste du monde? - Medscape - 2 nov 2016.
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