Saint-Denis, Paris, France— Retirées en 2011 du fait de la non-indication des liens d’intérêt de l’ensemble des experts, les recommandations françaises sur l’hypertension artérielle (HTA) de l’adulte, dont les dernières remontaient à 2005, brillaient par leur absence. En soi, l’annonce d’une nouvelle feuille de route sur cette question est effectivement à féliciter. Mais on reste ensuite un peu sur sa faim, tant rien n’a changé en matière de traitement et de cibles tensionnelles, comparativement aux précédentes recommandations de la SFHTA de 2013. Et l’étude SPRINT, considérée comme « l’évènement » de l’AHA 2015 (cette étude arrivait à la conclusion que « plus bas c’est mieux », en obtenant une réduction de 27% de la mortalité chez les hypertendus dont la PA était < 120 mm Hg), a fait pschitt.

Pr Jacques Blacher
Il y a tout de même du bon car pour la première fois, la Haute Autorité de Santé (HAS) et la Société Française d’Hypertension Artérielle (SFHTA) publient conjointement une fiche mémo et un algorithme sur la prise en charge de l’hypertension de l’adulte [1].
« Nous avons décidé de faire des recommandations communes. C’est une nouveauté. Je me réjouis de cette collaboration. Les messages sont simples et précis, en nombre limité et, si possible, clairs », a commenté le Pr Jacques Blacher, Président de la SFHTA (Unité HTA, prévention et thérapeutique cardiovasculaires. Centre de diagnostic et de thérapeutique, Hôtel-Dieu, Paris) pour Medscape édition française.
Les objectifs tensionnels ne changent pas
Pas de changement depuis 2005, concernant l’objectif tensionnel optimal.
« Depuis un an maintenant, avec la publication de l’étude SPRINT, la question se pose de l’objectif tensionnel optimal. Le groupe de travail a considéré qu’il n’était pas pertinent en 2016 de proposer 120 mmHg comme objectif de la pression artérielle. C’est discuté dans le document et c’est justifié », indique le Pr Blacher.
Selon le rapport d’élaboration de la fiche mémo, qui est disponible sur le site de la HAS [3], « dans la population générale adulte, tous les guidelines s’accordent sur un même objectif tensionnel : PAS < 140 et PAD < 90 mmHg. »
Le document indique que l’étude SPRINT « a fait l’objet de nombreux débats au sein de la communauté médicale » et que « les résultats de cette étude sont encore trop précoces pour définir l’impact qu’ils pourront avoir sur les pratiques. »
Il rappelle les limites de l’étude :
-la population étudiée : les résultats de l’essai ne peuvent être généralisés aux patients diabétiques, à ceux présentant une PAS > 180 mmHg et aux sujets institutionnalisés ou ayant un antécédent d’AVC qui ont été exclus ;
-la question de la difficulté à atteindre un objectif inférieur à 120 alors que, déjà, à 140, le contrôle est difficile ;
- l’augmentation des effets secondaires, en particuliers rénaux, dans le groupe « intensif », d’autant plus que ces résultats ont été observés sur une période relativement courte comparée à la durée d’un traitement chronique. ;
-l’impact sur la qualité de vie n’a pas été abordé.
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Citer cet article: Aude Lecrubier. Après 5 ans d’absence, la France retrouve des recommandations officielles sur l’HTA - Medscape - 31 oct 2016.
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