Congrès mondial contre le cancer : 4 jours dédiés aux malades à Paris

Aude Lecrubier

Auteurs et déclarations

27 octobre 2016

Paris, France — Le Congrès mondial contre le cancer aura lieu du 31 octobre au 3 novembre à Paris. Ce Congrès associatif permet « aux ONG membres de promouvoir la mise en œuvre de stratégies et d'initiatives de lutte contre la maladie, éprouvées dans des divers pays, et de favoriser l'échange des meilleures pratiques portant sur le continuum du cancer, allant de la prévention aux soins palliatifs. » A cette occasion, l’édition française de Medscape a posé 5 questions d’actualité au Pr Jacqueline Godet, Présidente de la Ligne nationale contre le cancer et Présidente du comité organisateur français.

Medscape édition française : Pourriez-vous préciser en quoi des congrès associatifs comme le Congrès mondial contre le cancer ou le congrès mondial du SIDA sont d'une grande importance et sont complémentaires de congrès plus centrés sur l'innovation médicale comme l'ASCO ?

Pr Jacqueline Godet : La 24ème édition du Congrès mondial contre le cancer aura lieu du 31 octobre au 3 novembre au Palais des Congrès à Paris.  Elle sera surtout axée sur le partage d’expériences notamment entre les ONG pour mieux lutter ensemble. Au total, 3500 participants venant de plus de 110 pays, tous adhérents de l’Union for International Cancer Control (UICC) sont attendus. Mais au-delà de la quantité, c’est bien la qualité des débats qui attire les participants. Médecins, professeurs, ONG, représentants politiques et associatifs, personnes survivantes du cancer…tous seront invités à partager leurs expériences et leurs initiatives pour faire reculer le cancer. Autour de la table, les interlocuteurs africains seront particulièrement représentés. Et pour cause, comme l’affirme le Pr Serigne Magueye Gueye, président de l’Alliance des Ligues Francophones Africaines et Méditerranéennes (ALIAM) : "globalement, le cancer tue aujourd’hui d’avantage que les maladies transmissibles telles que le paludisme, la tuberculose et le sida"».

 
Pour les congressistes, l’objectif est d’étendre leur sphère d’influence et d’action dans un but commun. Pr Jacqueline Godet
 

Pourquoi avoir choisi le thème "Mobilisons-nous pour agir - Accélérons le changement" spécifiquement pour cette année ?

J.G. La thématique choisie « Mobilisons-nous pour agir et accélérons le changement » traduit bien l’état d’esprit de tous les participants : pour les congressistes, l’objectif est d’étendre leur sphère d’influence et d’action dans un but commun, fixé par la déclaration mondiale sur le cancer des Nations Unies en 2011 : réduire de 25% le nombre de morts prématurées attribuables au cancer d’ici 2025.

L’ambulatoire en cancérologie : jusqu’où peut-on aller ? Comment ?

J.G. L’ambulatoire a fait des progrès énormes en quelques années, les patients rentrent de plus en plus tôt chez eux après une chirurgie et la chimiothérapie orale se développe également, néanmoins ces progrès nécessitent une très bonne organisation en amont, si l’HAD est plutôt bien organisée, il n’en reste pas moins que le retour à domicile peut être très compliqué pour des personnes en situation de précarité par exemple, avec le risque élevé de retour aux urgences. Les médecins de ville ne peuvent pas tout gérer, la mise en place des plateformes d’appui territoriales avec la nouvelle loi de santé peut être une réponse, de même que le développement de la télémédecine.

Prise en charge de la douleur du cancéreux : peut-on encore progresser ? Comment ?

 J.G. La prise en charge de la douleur a fait de gros progrès au quotidien grâce à une meilleure utilisation des médicaments dont les opiacés, mais ce n’est pas la seule explication. Si l’objectif fixé est principalement de rendre cette douleur supportable au quotidien, d’autres solutions existent  basées sur l’écoute, le dialogue avec le patient et son entourage. En complément des  consultations spécialisées existantes dans les établissements, des associations comme la Ligue contre le cancer, proposent des soins dit « de support » avec en particulier une aide psychologique, socio-esthétique ou des activités physiques adaptées pour aider le patient à surmonter sa douleur au quotidien. Ce qui est valable en France ne l’est pas nécessairement dans tous les pays. Cela fait partie des enjeux du Congrès.

 
70 000 personnes ont rejoint la mobilisation de la Ligue via la pétition change.org/cancers-chers-médicaments. Pr Jacqueline Godet
 

Entrevoit-on des solutions au problème du coût des anticancéreux ? Lesquelles ?

J.G. La Ligue contre le cancer, mobilisée depuis décembre 2015 pour mettre fin aux prix exorbitants inexplicables des médicaments anticancéreux, a été entendue ! Alors que 70 000 personnes ont rejoint la mobilisation de la Ligue via la pétition change.org/cancers-chers-médicaments, c’est maintenant les pouvoirs publics qui, conscients de l’urgence, agissent fortement par exemple, pour l’accès universel aux traitements innovants contre l’hépatite C. La Ligue souhaite maintenant que le sujet soit traité pour l’accès aux médicaments innovants contre le cancer. Le combat de la Ligue contre le cancer est porté et amplifié en France par la ministre de la Santé. Le président de la République l’a évoqué au plan international dans le cadre du G7. Il doit continuer à mobiliser le plus grand nombre, et ce, au-delà des frontières. C’est un des enjeux majeurs du congrès.

 

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