L’émission « Cholestérol : le grand bluff ? » bat des records d’audience…

Aude Lecrubier

Auteurs et déclarations

21 octobre 2016

Sur le plan physiopathologique, le cardiologue maintient que le  cholestérol n’est pas la cause des plaques d’athéromes mais la conséquence de  leur dégradation. Il ajoute même, lors du débat sur les statines diffusé après  le documentaire, que  les autopsies ne révèlent pas la présence de cholestérol dans les thrombus  responsables des infarctus.

L’industrie agroalimentaire mise en accusation

Le documentaire dénonce aussi la façon dont l’industrie  agroalimentaire a propagé la théorie du mauvais cholestérol auprès du grand  public pour faire des bénéfices.

Selon la journaliste américaine Nina Teilcholz, l’industrie agroalimentaire serait allée jusqu’à influencer  la prestigieuse société savante American  Heart Association (AHA) en lui octroyant des millions de dollars.

En 1948, le laboratoire Procter & Gamble, fabricant de la  première huile végétale hydrogénée « Crisco » a fait parvenir des millions  de dollars à l’AHA. « Par la  suite l’AHA a commencé à recommander de remplacer les huiles saturées par le  huiles polyinsaturées que sont les huiles végétales. Un énorme soutien pour des  huiles comme l’huile Crisco », commente Nina Teilcholz.

L’industrie du sucre, pour sa part, s’est emparée de la théorie du  mauvais cholestérol pour détourner l’attention des effets néfastes du sucre.

Questionnements sur  l’indépendance de la recherche et des experts

La question des liens d’intérêts entre les médecins et les  laboratoires est pointée du doigt. Un chercheur américain,  souligne notamment que sur le panel d’experts  qui a recommandé les nouveaux seuils de cholestérol en 2001 aux Etats-Unis, 9  sur 14 avaient des liens d’intérêt avec l’industrie pharmaceutique.  « C’est très important de le savoir car ces recommandations ont quasiment  triplé le nombre d’américains devant prendre des statines et la plupart n’avait  pas de maladie cardiaque », indique le Dr John Ambramson (médecin généraliste, Harvard Medical School, Boston).

Concernant les statines, en elles-mêmes, plusieurs experts  interrogés suggèrent que les résultats des études, majoritairement financées par  l’industrie pharmaceutique sont biaisés.

« On a calculé qu’il y a 5 fois plus de  chance de trouver un résultat positif lorsque l’essai est financé par un  laboratoire privée comparé à un essai sur le même médicament financé par  un institut publique », indique le Dr Ambramson.

Pour le Dr de Lorgeril, le manque d’objectivité des études  est aussi observé avec les statines.

« Après le scandale de l’anti-inflammatoire Vioxx qui a  montré que les effets indésirables potentiellement mortels du médicament ont  été cachés par le laboratoire,  de  nouveaux critères plus strict ont été instaurés par les autorités de santé  pour les essais cliniques. Or, à partir de ce moment-là, tous les essais  publiés avec les statines n’ont plus montré aucun bénéfice »,  indique-t-il.

Il cité enfin une étude du BMJ de 2004 qui montre que le taux d'hospitalisations pour  infarctus (IDM) au Royaume-Uni reste stable pendant que sur la même période   la consommation de statines a bondi. « Si les statines étaient  efficaces sur la prévention de l’infarctus, on aurait vu une diminution  des hospitalisations pour infarctus ».

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