Sur le plan physiopathologique, le cardiologue maintient que le cholestérol n’est pas la cause des plaques d’athéromes mais la conséquence de leur dégradation. Il ajoute même, lors du débat sur les statines diffusé après le documentaire, que les autopsies ne révèlent pas la présence de cholestérol dans les thrombus responsables des infarctus.
L’industrie agroalimentaire mise en accusation
Le documentaire dénonce aussi la façon dont l’industrie agroalimentaire a propagé la théorie du mauvais cholestérol auprès du grand public pour faire des bénéfices.
Selon la journaliste américaine Nina Teilcholz, l’industrie agroalimentaire serait allée jusqu’à influencer la prestigieuse société savante American Heart Association (AHA) en lui octroyant des millions de dollars.
En 1948, le laboratoire Procter & Gamble, fabricant de la première huile végétale hydrogénée « Crisco » a fait parvenir des millions de dollars à l’AHA. « Par la suite l’AHA a commencé à recommander de remplacer les huiles saturées par le huiles polyinsaturées que sont les huiles végétales. Un énorme soutien pour des huiles comme l’huile Crisco », commente Nina Teilcholz.
L’industrie du sucre, pour sa part, s’est emparée de la théorie du mauvais cholestérol pour détourner l’attention des effets néfastes du sucre.
Questionnements sur l’indépendance de la recherche et des experts
La question des liens d’intérêts entre les médecins et les laboratoires est pointée du doigt. Un chercheur américain, souligne notamment que sur le panel d’experts qui a recommandé les nouveaux seuils de cholestérol en 2001 aux Etats-Unis, 9 sur 14 avaient des liens d’intérêt avec l’industrie pharmaceutique. « C’est très important de le savoir car ces recommandations ont quasiment triplé le nombre d’américains devant prendre des statines et la plupart n’avait pas de maladie cardiaque », indique le Dr John Ambramson (médecin généraliste, Harvard Medical School, Boston).
Concernant les statines, en elles-mêmes, plusieurs experts interrogés suggèrent que les résultats des études, majoritairement financées par l’industrie pharmaceutique sont biaisés.
« On a calculé qu’il y a 5 fois plus de chance de trouver un résultat positif lorsque l’essai est financé par un laboratoire privée comparé à un essai sur le même médicament financé par un institut publique », indique le Dr Ambramson.
Pour le Dr de Lorgeril, le manque d’objectivité des études est aussi observé avec les statines.
« Après le scandale de l’anti-inflammatoire Vioxx qui a montré que les effets indésirables potentiellement mortels du médicament ont été cachés par le laboratoire, de nouveaux critères plus strict ont été instaurés par les autorités de santé pour les essais cliniques. Or, à partir de ce moment-là, tous les essais publiés avec les statines n’ont plus montré aucun bénéfice », indique-t-il.
Il cité enfin une étude du BMJ de 2004 qui montre que le taux d'hospitalisations pour infarctus (IDM) au Royaume-Uni reste stable pendant que sur la même période la consommation de statines a bondi. « Si les statines étaient efficaces sur la prévention de l’infarctus, on aurait vu une diminution des hospitalisations pour infarctus ».
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Citer cet article: L’émission « Cholestérol : le grand bluff ? » bat des records d’audience… - Medscape - 21 oct 2016.
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