Cholestérol et maladies cardiovasculaires : le point de vue scientifique de la Société Française de Cardiologie

Société Française de Cardiologie

Auteurs et déclarations

21 octobre 2016

Paris, France --Selon  les chiffres communiqués par la chaine ARTE, la récente émission titrée  « Cholestérol : le grand bluff » a été vue par 1,4 millions de  téléspectateurs. Parmi eux, combien de patients sous statines ? Et combien  de médecins, généralistes, cardiologues, endocrinologues, doivent aujourd’hui  prendre le temps supplémentaire de répondre aux questions qui leur sont posées  – et qui d’ailleurs, s’en posent peut-être eux-mêmes aussi.

La Société Française de  Cardiologie ne pouvait rester silencieuse. Medscape édition française reproduit  ici son communiqué : un rappel historique des faits.

Années 50 : Naissance d’une épidémie

Après la deuxième guerre  mondiale, la communauté médicale constate des taux très élevés de maladies  cardiovasculaires dans tous les pays occidentaux. Des centaines d’études  épidémiologiques mises en place dans ces pays, dont la France, mettent  clairement en cause quatre facteurs de risque majeurs : le tabagisme, le taux  élevé de cholestérol (hypercholestérolémie), l’hypertension artérielle et le  diabète. Restait encore à réaliser les études montrant que le risque  cardiovasculaire comme neurovasculaire pouvait être diminué lorsqu’on traite  les facteurs de risque et notamment l’excès de cholestérol.

Années 70 : La  controverse du cholestérol

Il y a plus de 20 ans, des  scientifiques [1,2] ont mis en doute la  relation entre cholestérol élevé et maladies cardio-neuro-vasculaires, en  s’appuyant sur les résultats d’études de traitements anciens (fibrates)  diminuant peu les taux sanguins du mauvais cholestérol (le LDL-cholestérol).  Par la suite, cette controverse n’a pas été confirmée par les nombreuses études  incluant des participants à LDL-cholestérol élevé et recevant les traitements  modernes de l’hypercholestérolémie, les statines.

Années 90 : La  révolution des statines

Les  statines, aujourd’hui disponibles pour la plupart sous forme de médicaments  génériques, diminuent de manière spectaculaire le LDL-cholestérol, avec des  effets indésirables le plus souvent bénins (risque rare d’hépatite, crampes  musculaires). Les premiers essais avec les statines ont été réalisés chez des  patients ayant fait ou à risque d’infarctus du myocarde. Puis, leur utilisation  a été généralisée à des sujets à risque élevé d’accident coronaire ou cérébral,  notamment hypertendus, diabétiques ou insuffisants rénaux. Les résultats ont  été rassemblés dans plusieurs publications [3,4,5,6] et sont convergents et sans appel: les statines diminuent  la mortalité totale en prévention primaire et en prévention secondaire [5].

Années 2000 : La fin  de la polémique

Il n’y a  pas un seul médicament en médecine préventive qui ait un niveau de preuves  d’efficacité aussi élevé que les statines. Les statines allongent l’espérance  de vie des patients à risque, diminuent les événements cardio-neuro-vasculaires  (infarctus et AVC notamment) [7] et ont un risque d’effets indésirables limité  largement compensé pas l’ampleur des bénéfices. Nier le bénéfice des statines  et leur impact sur l’espérance de vie, c'est à la fois malhonnête (en niant les  faits scientifiques) et dangereux (pour les patients qui de bonne foi  arrêteront leur traitement). Nier les progrès thérapeutiques, porter la  suspicion sur les médecins, c’est aussi ignorer l’amélioration incontestable du  pronostic cardiovasculaire dans notre pays, la France, avec, pour exemple, une  chute spectaculaire de 68 % en 15 ans de la mortalité hospitalière après  infarctus du myocarde [8] et une baisse de 56% en 28 ans de la  mortalité cardiovasculaire.[9]

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