
Pr Fabrice Barlesi
Stockholm, Danemark -- A l’ occasion de l’ESMO 2016, la présentation des résultats de 3 études sur l’immunothérapie dans le cancer du poumon non à petites cellules (NAPC) à un stade avancé a fait dire à la majorité des oncologues qu’un pas décisif avait été franchi. Il est vrai qu’en un peu plus de 10 ans, quatre nouveaux types d’approches ont été développés.
Désormais, le traitement individualisé permet de faire vivre mieux et plus longtemps certains patients.
Le Pr Fabrice Barlesi (Marseille) fait un tour d’horizon pour Medscape édition française des avancées majeures qui ont jalonné les 10 dernières années qui ont été décisives pour la prise en charge du cancer du poumon NAPC à un stade avancé.
Avant 2005 : les sels de platine, seule option de première ligne
Depuis le début des années 2000, les cancers du poumon NAPC à un stade avancé étaient traités par chimiothérapie à base de sels de platine puis par docetaxel en deuxième ligne.
Le pémétrexed (Alimta®, Lilly), antimétabolite analogue de l’acide folique, a reçu une AMM en 2004 en combinaison avec les traitements de référence.
Mais ces chimiothérapies ne permettaient qu’à moins de 15 % des patients en stade III et moins de 5 % des stade IV de survivre plus de 5 ans.
La médiane de survie s’établissait à 9 mois.
2005 : antiangiogéniques, premiers traitements ciblés
La première révolution a eu lieu en 2005 avec les premiers traitements ciblés : les anti-angiogéniques (bevacizumab, Avastin®, Roche) ont permis d’accroitre la survie globale de 1 à 2 mois pour des cancers non opérable.
L’Avastin® a reçu l’AMM pour le traitement de première ligne des cancers avancés.
2006 : arrivée des thérapies ciblées contre EGFR, inhibiteurs de tyrosine kinase
L’oncogène EGFR (Epidermal growth factor receptor) est surexprimé dans 40 à 80 % des cas de cancers du poumon NAPC. Les thérapies ciblées anti-EGFR s’appuient sur le principe de « l’addiction » tumorale à un oncogène, c’est-à-dire de la dépendance de la croissance tumorale à un oncogène spécifique.
Cette avancée à contribué à proposer des traitements inhibiteurs de EGFR tels que l’erlotinib (Tarceva®, Genentech, Roche), le gefitinib (Irresa®, Astra Zeneca) et l’afatinib (Giotrif®, Boehringer Ingelheim) qui améliorent la survie sans progression de 3 mois, diminuent les symptômes et impactent positivement sur la qualité de vie.
Ces médicaments ont reçu l’AMM en France d’abord en deuxième et troisième ligne puis en première ligne.
A la suite de la découverte de l’intérêt de la recherche des mutations sur l’EGFR, un génotypage moléculaire systématique a été proposé pour tous les patients en France.
2009 : L’avènement des inhibiteurs de ALK
Les inhibiteurs de ALK résultent de la mise en évidence de « l’addiction » à l’oncogène ALK (voie de signalisation intracellulaire dotée d’un rôle dans la prolifération, la différentiation et l’apoptose). Cela a permis de proposer dans le cancer du poumon avancé : le crizotinib (Xalkori®, Pfizer) et le ceritinib (Zykadia®, Novartis).
Ces traitements ont obtenu une indication en deuxième ou troisième ligne puis en première ligne pour le crizotinib.
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Citer cet article: Dr Isabelle Catala. Cancer du poumon: comment la survie a doublé en 10 ans par le Pr Barlesi - Medscape - 20 oct 2016.
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