Deux nouvelles fermetures de services d’urgences en octobre

Dr Isabelle Catala

Auteurs et déclarations

27 octobre 2016

ACTUALISATION, 27 octobre 2016--Nouvelles conséquences de la pénurie de médecins urgentistes…Après l’annonce de la fermeture définitive des urgences de Montbard en Bourgogne début octobre en raison du manque de médecins et de matériel, c’est au tour du service des urgences de Thann, en Alsace, de fermer ses portes. Cette fois, l’ARS (Agence régionale de santé)  a annoncé une fermeture pour une durée estimée à 6 mois. Selon le quotidien en ligne l’Alsace.fr, l’équipe soignante  fonctionnait depuis de long mois à grand renfort d’intérimaires et « la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, cela a été une nouvelle organisation du travail, refusée par les urgentistes thannois – qui devaient notamment se retrouver seuls pour les gardes de nuit, alors qu’ils étaient deux précédemment. » Elle s’est soldée par le départ de quatre des urgentistes sur cinq, rendant impossible le fonctionnement du site. AL

Paris, France -- Les postes d’internes de spécialité d’Urgences semblent ne pas être au rendez-vous de l’ENCi2017. Après les chefs de services des petits hôpitaux, c’est au tour des internes des Syndicats des internes des hôpitaux de Paris (SIHP) et de médecine générale (SRP-IMG) de s’alarmer sur ce sujet.

Pourtant la réforme du troisième cycle des études médicales qui avait introduit cet exercice en spécialité (Diplôme d’études Spécialisées DES) tout comme la gériatrie devait permettre de résoudre tous les problèmes de démographie – et de reconnaissance – dans cette spécialité à laquelle accèdent aujourd’hui majoritairement des médecins généralistes par le biais de DESC (diplôme d’études spécialisées complémentaire).

Fort de cette reconnaissance, le Pr Bruno Riou (CHU Pitié-Salpêtrière, AP-HP, Paris), président de la Collégiale nationale des universitaires de médecine d'urgence (CNUMU) tablait au congrès Urgences 2016 sur la formation de 500 urgentistes pour répondre aux problèmes d’effectif qui contraignent de plus en plus de service d’Urgences à recourir à des intérimaires voire à fermer.

Un nombre de poste insuffisant

Mais patatras… Les postes ne semblent pas suivre. Rien qu’en région parisienne où actuellement chaque année jusqu’en 2016, 200 urgentistes étaient formés, le nombre de places d’urgentistes aux ENCi 2017 devrait être compris entre 60 et 100.

Pourtant les capacités de formation existent. Et les postes aussi : 200 postes de PH temps plein n’étaient pas pourvus en octobre 2016 en France…

Le nombre de places d’urgentistes aux ENCi 2017 devrait être compris entre 60 et 100

Pourquoi cette inadéquation après tous les espoirs mis sur la spécialisation ? Où est le problème alors que le DES avait été présenté comme la solution ultime aux problèmes d’effectifs récurrents dans notre pays?

Les tentatives d’explication

Trois explications sont proposées par des représentants des urgences et des SMUR non universitaires :

  • Nécessité de publier pour faire reconnaitre la spécialité

Publier ou mettre les mains dans le cambouis ? La CNUMU, véritable moteur dans la spécialisation des urgentistes, aurait une vocation plus universitaire que pragmatique. Pour rattraper le retard de la France en matière de postes de PU-PH en urgences et pour faire de notre pays un vivier de publications sur le sujet, il faut des universitaires : chefs de clinique, MCU-PH et PU-PH. Le DES serait un vivier de « jeunes internes » prêts à tout pour contribuer à la littérature dans ce domaine et à faire une carrière hospitalo-universitaire.

Mais sont-ils prêts à mettre les mains « dans le cambouis » des services d’urgences surchargés dont l’effectif est insuffisant pour respecter le temps de travail ?

Rien n’est moins sûr …

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