Ulcère du pied diabétique: des résultats encourageants avec les cellules souches

Aude Lecrubier, Becky McCall

Auteurs et déclarations

18 octobre 2016

Munich, Allemagne — L’ulcère du pied diabétique touche un quart des patients diabétiques et il est résistant au traitement dans 10 à 15 % des cas, ce qui induit de nombreuses amputations (environ 8000 par an en France). Traiter l’ulcère du pied du diabétique réfractaire aux soins standards est donc un enjeu majeur.

Dans une petite étude pilote présentée au congrès annuel de l’ European Association for the Study of Diabetes (EASD), des chercheurs égyptiens ont montré que des injections locales de cellules souches mésenchymateuses autologues issues de la moelle osseuse donnaient de bons résultats [1].

« Après 6 et 12 semaines de suivi, la taille des ulcères a diminué de façon significative chez les patients qui avaient reçu les cellules souches mésenchymateuses par rapport à ceux qui avaient reçu des soins standards. Et ce, en dépit du fait que les ulcères du groupe traité par les cellules souches étaient de plus grande taille au départ », a commenté le Dr Ahmed Albehairy (Université de Mansoura, Egypte) lors de la présentation des résultats.

 
La taille des ulcères a diminué de façon significative chez les patients qui avaient reçu les cellules souches mésenchymateuses.
 

En moyenne, les ulcères ont régressé de la moitié de leur taille

Après 6 semaines de suivi, la taille de l’ulcère avait diminué, en moyenne, de 49,9 % dans les groupes traités par les cellules souches versus 7,67 % (p=0,001) avec les soins standards. A 12 semaines, la régression de l’ulcère atteignait en moyenne 68,24 % et 5,27 % respectivement (p=0,0001).

Un cas de guérison complète a été observé dans le groupe des patients traités par les cellules souches.

« Le processus de guérison est probablement dû aux propriétés intrinsèques des cellules souches mésenchymateuses à savoir leur capacité à stimuler l’angiogenèse dans le lit de la blessure, à diminuer l’inflammation et à réparer la blessure », a expliqué le Dr Albehairy.

Les cellules souches mésenchymateuses sécrètent, entre autre, des molécules anti-inflammatoires et anti-apoptotiques, des facteurs angiogéniques et des facteurs neurotrophiques.

Protocole de l’étude

Dans cette étude pilote, les chercheurs ont enrôlé 20 patients diabétiques hospitalisés pour des ulcères du pied résistants depuis 12 semaines aux soins standards (débridement, soins de pansement chirurgical et mise en décompression « allègement »).

Les participants ont été randomisés pour recevoir soit des soins classiques (n=10), soit des soins classiques et des injections locales de cellules mésenchymateuses autologues issues de la moelle épinière (n=10) pendant 12 semaines supplémentaires.

Les patients de chaque groupe avaient une hémoglobine glyquée moyenne de 8,3 %, un indice de masse corporelle (IMC) d’environ 33 kg/m² et des ulcères avec une taille moyenne au départ de 4,66 cm² et de 3,72 cm² respectivement dans les bras « cellules souches » et « contrôle ».

Pour obtenir les cellules souches mésenchymateuses, 40 mL de moelle osseuse ont été aspirés dans des conditions d’asepsie chez chaque patient du groupe « cellules souches ». Les patients du groupe « contrôle » n’ont pas subi la procédure. Après séparation, caractérisation et culture des cellules souches, elles ont été réinjectées au site de l’ulcère à 8 endroits à deux moments espacés de 7 à 10 jours (3,7x105 de cellules souches mésenchymateuses pures par cm² de zone blessée). Les patients ont été suivis toutes les deux semaines jusqu’à 12 semaines.

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