Cancer de l’ovaire avancé : le niraparip devrait s’imposer après le platine

Dr Isabelle Catala

Auteurs et déclarations

11 octobre 2016

« C’est un résultat qui va définitivement apporter un changement en pratique clinique, ouvrant la voie de l’utilisation des inhibiteurs de PARP chez des patients BRAC sauvage. C’est la première fois qu’il est démontré dans une étude de phase III que les inhibiteurs de PARP ne bénéficient pas seulement aux patientes BRCA mutés sur les cellules germinales et que le test HRD (voir encadré) peut être utilisé pour sélectionner les patients les plus à même de bénéficier d’une inhibition de PARP », a commenté le Dr Sandro Pignata (Naples, Italie) en plénière.

Anti-PARP, des agents qui bloquent la réparation de l’ADN cancéreux

Les PARP (poly-adénosine diphosphate ribose polymerase) agissent sur la réparation de l’ADN. En bloquant la capacité de réparation du génome des cellules tumorales avec un inhibiteur de PARP, on peut espérer aboutir à la mort de la cellule cancéreuse.

Les anti-PARP ont déjà fait la preuve de leur efficacité dans les cancers de l’ovaire BRCA mutés et dans des petites cohortes de patientes BRCA sauvage (étude ARIEL 2, STUDY 19). Ces molécules sont indiquées particulièrement pour le traitement des tumeurs sensibles aux sels de platine.

Recherche de mutation HRD pour prédire l’efficacité des anti-PARP

Des analyses complémentaires ont été menées en utilisant un test de recherche de mutations plus complexes (diagnostiquées par le Test MyChoice®, Myriad Genetics). Ce test cible certaines des mutations dites HRD des cancers de l’ovaire qui pourraient rendre les cellules tumorales plus sensibles aux inhibiteurs de PARP (car elles sont en lien avec la réparation de l’ADN).

Le cancer de l’ovaire est particulièrement hétérogène en termes de mutations. On retrouve en effet des mutations BRCA1 et BRCA2 germinales, BRCA 1 et BRCA 2 somatiques, BRCA1 méthylation, EMSY amplification, perte de PTEN, CCNE1 amplification, MMR germinales…

Pour le Dr Mirza, « quel que soit le résultat du test HRD, le naraparib s’est révélé efficace, peut-être parce que les tumeurs sont hétérogènes ou que le profil immunohistochimique a évolué avec le temps. Néanmoins, ce sont chez les femmes BRCA muté-HRD muté que le médicament a été le plus efficace. L’effet était moins prononcé chez les femmes BRCA sauvage-HRD muté, mais bien plus net qu’en cas de double négativité (BRCA, HRD). Le test HRD pourrait permettre de déterminer chez les femmes BRCA sauvage celles qui pourraient bénéficier du traitement».

Nous n’avons pas encore pu identifier de facteur pronostic pour ces répondeuses exceptionnelles chez qui le cours de la maladie est réellement modifié -- Dr Mansoor Raza Mirza

Enfin, le Dr Mirza souligne que certaines patientes sont considérées comme des répondeuses exceptionnelles car elles sont restées sous traitement pendant un temps particulièrement long : ainsi à 18 mois la moitié des patients BRCA muté étaient encore sous traitement. Après une médiane de suivi de 5,9 ans, 15 patientes (11 %) étaient toujours sous naraparib (8 BRAC muté et 7 BRCA sauvage). « Mais nous n’avons pas encore pu identifier de facteur pronostic pour ces répondeuses exceptionnelles chez qui le cours de la maladie est réellement modifié », conclut le Dr Mirza.

REFERENCE:

Mirza M, Monk B, Oza A et coll for the Engot-OV16/NOVA trial. Niraparib maintenance therapy in patients with recurrent ovarian cancer. NEJM. DOI : 10.1056/NEJMoa1611310

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