Paris, France – « Aucun homme n’a jamais imaginé à quel point le dialogue avec la nature environnante affecte sa santé et ses maux ». Ce que pressentait l’écrivain américain David Thoreau au début du XIXe siècle est aujourd’hui confirmé. S’activer dans un environnement naturel, entouré de verdure, est bien meilleur pour la santé, bien plus thérapeutique, et bien plus rentable que de pratiquer de l’exercice en salle (de sport ou non), sans espaces verts en vue.
Que la nature soit bénéfique en elle-même sur notre mental et notre physique est une évidence pour certains, mais a semble-t-il été quelque peu oublié par les citadins que nous sommes (pour la plupart d’entre nous) et le médecin californien John LaPuma , très en pointe sur la promotion de l’hygiène de vie,l’a d’ailleurs rappelé sur le site américain de Medscape.
Les solutions sont dans la nature
Jamais une proportion aussi importante de l’humanité ne s’est tenue aussi éloignée de la nature : plus de 50% des personnes vivent dans des zones urbaines, un pourcentage qui devrait être de 70% en 2050. Une réorganisation démographique qui n’est pas sans conséquence sur la santé. Pas une semaine sans qu’une nouvelle étude établisse un lien entre le fait d’habiter dans de grands centres urbains et l’augmentation de la prévalence du stress, des maladies mentales, des maladies cardiovasculaires ou d’autres problèmes de santé.
En cause la pollution accrue, y compris visuelle, et sonore ou bien encore l’aménagement des villes et la réduction inexorable des espaces dévoués au sport. Mais, dans le même temps, comme un contre-point quasi direct, la littérature scientifique n’en finit pas de démontrer à quel point, la présence de la nature, même à petites doses (telle que nous la connaissons dans les villes, réduite à un parc, et pour des durées courtes), améliore la santé physique et mentale, le bien-être et encourage les comportements positifs (comme l’activité physique). Les mécanismes sous-jacents et les durées minimales d’«immersion dans le vert » sont, elles aussi, de mieux en mieux cernées.
Ainsi, l’an passé, une étude californienne publiée dans PNAS a montré que marcher 90 minutes dans un espace vert (près de l’Université de Stanford) était associé à une moindre activité dans des zones du cerveau liées à la dépression par rapport au fait de se déplacer dans une zone urbaine (à Palo Alto) [1].
Plus précisément, à l’IRM, l’activité neuronale dans le cortex préfrontal ventro-médian, une région du cerveau active pendant les ruminations – ces pensées répétitives axées sur les émotions négatives – était moins importante chez les participants ayant cheminé dans la nature. « Ces données sont enthousiasmantes parce qu’elles démontrent l’impact de l’expérience pratiquée dans la nature sur un aspect de la régulation de nos émotions – ce qui peut nous aider à comprendre comment la nature nous aide à nous sentir mieux » commentait le premier auteur, Gregory Bratman (Stanford Psychophysiology Lab). Si l’étude n’a porté que sur 38 participants, elle s’inscrit néanmoins dans une mouvance plus large consistant à explorer les liens entre nature et bien-être (voir par exemple le Natural Capital Project).
L’écopsychologie, discipline d’avenir Tous ces travaux ne sont pas sans évoquer l’écopsychologie, une discipline nouvelle, née dans les années 1990 sous la houlette de l’historien et romancier américain Theodore Roszak, professeur à l’université de Californie, et dont on peut considérer Henri Thoreau, écrivain et penseur américain (1817 – 1862) comme l’un des précurseurs avec son ouvrage « Walden ». L’écopsychologie postule que notre bien-être psychique ne peut être séparé de l'environnement naturel dans lequel nous baignons. Aussi appelée psychologie environnementale, elle correspond à la prise de conscience, dans des domaines aussi divers que l'architecture, l’anthropologie, l’urbanisme, ou la psychologie, de la nécessité de prendre en compte la dimension humaine dans l’aménagement de l’environnement. « L’écopsychologie propose des pistes, théoriques et pratiques, pour découvrir que la nature fait partie intégrante de notre être » explique le sociologue suisse Michel Maxime Egger, auteur de Soigner l’esprit, guérir la Terre, dans une interview à La tribune de Genève [7]. Retour aux sources. |
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Citer cet article: Stéphanie Lavaud. La santé est dans le pré et l’écopsychologie a de l’avenir - Medscape - 3 oct 2016.
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