Londres, Royaume-Uni — A quelques jours d’intervalle, les sociétés de neurologies européennes et américaines ont présenté leurs nouvelles recommandations sur la prise en charge pharmacologique de la sclérose en plaques [1,2].
L’essentiel des recommandations européennes a été dévoilé au congrès annuel de l’European Committee for Treatment and Research in Multiple Sclerosis (ECTRIMS), il y a quelques jours à Londres ( voir article Medscape).
Et, en parallèle, l’American Association of Neurology (AAN) a publié, sur son site internet , la première version de ses recommandations. Le texte est ouvert aux commentaires jusqu’au 8 octobre.
Interrogé par l’édition anglaise de Medscape, le Dr Jeffrey Cohen (Cleveland Clinic, Etats-Unis) a livré ses premières impressions sur les deux recommandations d’experts : « les deux se rejoignent largement sur les principaux points et elles ont tenté autant que possible de s’appuyer sur la médecine fondée sur les preuves (EBM) et d’indiquer la « qualité » des données pour chaque recommandation. »
Une certaine déception
Concernant l’Europe, il s’agit des premières recommandations sur la prise en charge pharmacologique de la SEP. Et, du côté des Etats-Unis, les guidelines actuelles de l’AAN datent de 2002 (seules deux molécules y sont citées : l’acétate de glatiramère et l’interféron).
Alors que plus d’une quinzaine de molécules sont désormais approuvées en Europe comme aux Etats-Unis, on peut imaginer que ces recommandations étaient très attendues des neurologues des deux côtés de l’Atlantique et même au-delà.
Pourtant, leur enthousiasme pourrait bien être déçu, selon le Dr Cohen.
« Les deux textes sont relativement conservateurs ; un nombre important de recommandations sont du réchauffé. Aussi, parce que l’approche méthodologique des deux documents s’appuie sur les données des études et qu’il n’y a pas de données sur un grand nombre de points essentiels rencontrés en pratique clinique de tous les jours, je pense que beaucoup de cliniciens vont trouver ces recommandations moins utiles qu’ils ne l’espéraient », explique-t-il.
Pas de comparaison directe entre les traitements
Le neurologue fait notamment référence ici au manque d’essais comparateurs entre les différents traitements de la SEP. Un point d’ailleurs souligné par le comité de pilotage des recommandations européennes :
« Les avancées de la recherche au cours des dernières décennies permettent aux cliniciens d’avoir un large éventail de traitement. Toutefois, peu de molécules ont fait l’objet de comparaisons directes et les populations des essais sont trop hétérogènes pour comparer les données. Les experts du comité espèrent que les essais en cours ou futur apporteront plus de clarté. Les recommandations s’adapteront au fur et à mesure, quand les données seront disponibles. »
Actualités Medscape © 2016 WebMD, LLC
Citer cet article: Aude Lecrubier. SEP : des recommandations américaines prudentes à l’égard des nouveaux traitements - Medscape - 30 sept 2016.
Commenter