« Quels soutiens pour les médecins en détresse ? » s’interroge la CARMF

Jean-Bernard Gervais

Auteurs et déclarations

28 septembre 2016

Cinq centres dévolus à l’accueil des médecins en urgence

A grand renfort de subventions et de soutien, le CNOM, souvent en partenariat avec la CARMF, supporte des initiatives associatives régionales d’entraide médicale. La plus célèbre d’entre elles est très certainement l’APSS ( association pour la promotion des soins aux soignants) [2]. « Cette association est née en 2005 d’une volonté du CNOM et de la CARMF», a rappelé le Dr Yves Léopold qui a porté l’APSS sur ses fonds baptismaux. À l'époque, une enquête menée en 2003 par le CNOM démontrait une surexposition des médecins au suicide de 237%.

Une enquête menée en 2003 par le CNOM démontrait une surexposition des médecins au suicide de 237%.

Partant de ce constat, et face à l’absence de structures pour traiter des pathologies psychiques et addictives chez les médecins, CNOM et CARMF prenaient donc la décision de créer l’APSS, afin de « demander aux établissements de mettre en place des accueils urgents pour les médecins en détresse, de former les équipes pour leur accueil, et de construire des unités architecturales isolés et autonomes pour les soignants malades », a détaillé le Dr Léopold.

Il existe actuellement cinq centres dévolus à l’accueil des médecins en urgence, « et un premier bâtiment entièrement dédié aux soignants en difficulté devrait être inauguré dans les mois qui viennent ». Outre l’accueil en urgence de soignants en difficulté, l’APSS s’est également démenée sur des questions statutaires, en faisant adopter deux mesures importantes auprès de la CARMF. Il s’agit de la suppression du délai de carence de 90 jours pour certains malades en cas d’hospitalisation dans des structures données, ainsi que de la création de l’aide à la reprise progressive d’activité (Arpa), « une sorte de mi-temps thérapeutique », explique le Dr Léopold.

MOTS : accueil téléphonique 24h/24h 7jrs/7

L’association MOTS (organisation du travail et santé des médecins) est une autre initiative importante dans le domaine de l’entraide médicale, créée en 2010. « L’association MOTS ne soigne pas, elle accompagne les médecins dans une démarche de reprise en mains personnelle. Pour ce faire, MOTS a mis en place un réseau de médecins-effecteurs (une douzaine) qui proposent des consultations d’aide et d’accompagnement confidentiels, afin d’aider le médecin en difficulté à trouver la personne ressource dont il a besoin », détaille le Dr Jean Thévenoz, son président. Un accueil téléphonique est ouvert 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, et une prise de contact est assurée dans les 24 heures qui suivent. Depuis 2010, MOTS a pris en charge 700 médecins, et intervient dans plus d’une dizaine de régions, qui englobent plus de 160 000 médecins.

Les raisons principales des appels sont une recherche d’écoute et de soutien pour plus de 80% des appels -- Dr Thévenot

Depuis 2015, MOTS est à l’origine d’un diplôme interuniversitaire « Soigner les soignants ». « Les raisons principales des appels sont une recherche d’écoute et de soutien pour plus de 80% des appels, une demande d’aide juridique pour 21%, et plus rarement une demande d’aide ergonomique (11%) » ajoute le Dr Thévenot. Les problématiques évoquées avec les médecins effecteurs sont très souvent liées, dans près de 60% des appels, à la surcharge de travail, et ses répercussions, émotionnelles, familiales, addictives… Dans près de 40% des cas, les médecins en difficulté s’orientent vers une psychothérapie, plus rarement vers un médecin spécialiste. « Nous proposons également des modifications des horaires de travail, l’arrêt de l’automédication, des arrêts temporaires de travail, des reconversions… »

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