« Quels soutiens pour les médecins en détresse ? » s’interroge la CARMF

Jean-Bernard Gervais

Auteurs et déclarations

28 septembre 2016

Paris, France — « Je me souviens du cas d’un de mes collègues chirurgiens qui travaillait dans le même établissement que moi. Un jour, il m’appelle pour me dire qu’il ne va pas bien, qu’il doit opérer dans une heure mais qu’il en est tout à fait incapable, et qu’il est hanté par des idées suicidaires. Nous avons pris en charge son hospitalisation et l’avons amené chez un psychiatre. Maintenant il va bien, car il a mis en place un accompagnement. J’aimerais que tous les médecins puissent se confier à leurs confrères en cas de problème, sans éprouver la moindre honte », a témoigné le Dr Jean Thévenoz, président de l’association MOTS (Organisation du travail et santé du médecin), lors d’un colloque organisé par la caisse d’allocation et de retraite des médecins français (CARMF) sur le soutien apporté aux médecins en difficulté [1].

 
J’aimerais que tous les médecins puissent se confier à leurs confrères en cas de problème, sans éprouver la moindre honte --Dr Jean Thévenoz
 

Car il est un fait : les cordonniers sont les plus mal chaussés et les médecins les moins bien soignés. « Un médecin malade est un médecin qui a honte parce qu’il a le sentiment d’avoir failli », a ajouté le Dr Éric Galam, président de l’association AAPML (association d’aide aux professionnels de santé et médecins libéraux) qui, depuis 2004, offre aux professionnels de santé un dispositif concret d'écoute téléphonique, d'accompagnement et de soutien psychologique. Conséquence : l’automédication est la règle lorsque le médecin est malade, et les lacunes de sa prise en charge sont légion.

Pourtant, a rappelé le Dr Jacques Morali, président de la commission d’entraide du Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM), en ouverture de colloque, l’entraide entre médecins fait partie des missions du CNOM, qui s’est organisé à dessein. Présente à l’échelle départementale, régionale, et nationale, la commission d’entraide du CNOM a pour mission de faire remonter les informations du terrain, de les colliger, et de réunir les partenaires institutionnels que sont la CARMF, le Centre national de Gestion (CNG), l'Aide aux familles et entraide médicale (Afem)… pour traiter des dossiers.

Le mal-être des soignants en chiffres

L'association d'aide professionnelle aux médecins libéraux (AAPML) présidée par le Dr Galam a colligé plusieurs études des URML, CARMF, CNOM, etc. pour établir ces constats inquiétants :

- plus d'un généraliste sur dix est en détresse psychologique (Drees 2010);

- le sur-risque de suicide chez les médecins en activité est de 2,3 (CNOM, 2003);

- 53% des médecins libéraux sont menacés par le burn-out (URML Ile-de-France);

- les troubles psychiatriques représentent la principale affection des médecins (Press-Next, 2008);

- 58% des internes de médecine générale présentent au moins l'un des trois critères de burn-out (Galam, 2011).

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