Cancers de prostate à faible risque : choisir le traitement en fonction des effets indésirables?

Dr Isabelle Catala

Auteurs et déclarations

19 septembre 2016

1 % de décès lié au cancer

L’objectif principal de l’étude était l’analyse du taux de mortalité en lien avec le cancer après un suivi de 10 ans. « Ce taux s’est révélé plus faible que celui attendu puisqu’il a été de 1 % dans les trois bras », analyse pour Medscape l’un des auteurs, le Dr Freddie Hamdy (Oxford, Grande-Bretagne). Au total, seuls 17 patients sont décédés de leur cancer : 8 sou surveillance active, 5 opérés et 4 traités par radiothérapie.

Pour le Dr Hamdy, « en l’absence de véritable marqueur des décès en lien avec le cancer de la prostate, ces chiffres peuvent ne pas refléter exactement la réalité ».

L’analyse de la mortalité toutes causes confondues n’a pas, elle non plus, retrouvé de différence entre les 3 groupes (169 décès au total).

Plus de métastases avec la surveillance

Les auteurs se sont aussi penchés sur l’incidence des métastases. Leur risque d’apparition au cours du suivi était plus important en cas de surveillance active (p= 0,004). Or, comme le souligne le Dr Anthony D’Amico (Boston, Etats-Unis) dans un éditorial, « la survenue de métastases s’accompagne généralement de douleurs et nécessite la mise en place de traitements antalgiques et anti-androgéniques. De telles complications et les effets indésirables de leurs traitements peuvent faire regretter à certains hommes de ne pas avoir été initialement pris en charge de façon plus radicale ».

Mais il convient aussi de remettre en place les fondements de la surveillance active tels qu’ils étaient proposés dans l’étude. En effet, actuellement, les patients ne sont plus seulement surveillés sur leur taux de PSA, ils bénéficient aussi d’examens cliniques systématiques (TR) et de biopsies prostatiques régulières. Il est vraisemblable qu’avec une telle approche, l’incidence des métastases pourrait être limitée.

Il est licite de proposer aux hommes qui veulent éviter la survenue de métastases un traitement par chirurgie ou radiothérapie sauf si leur espérance de vie est de moins de 10 ans -- Dr Anthony D’Amico

Traitement à adapter à l’espérance de vie

L’éditorialiste s’arrête aussi sur l’incidence plus élevée de décès en lien avec le cancer de la prostate chez les hommes de plus de 65 ans. A cela, il donne plusieurs explications : l’existence de formes initialement à faible risque mais qui évoluent rapidement, la taille de la prostate qui est telle que les biopsies peuvent être passées à coté de zones plus évolutives. Pourtant, il souligne que les urologues tendent plus souvent à proposer une surveillance active aux hommes les plus âgés, en se fondant sur les résultats de l’étude PIVOT qui validait cette option.

Le Dr D’Amico conclut que « aujourd’hui il est licite de proposer aux hommes qui veulent éviter la survenue de métastases et le traitement de celles-ci, un traitement par chirurgie ou radiothérapie sauf si leur espérance de vie est de moins de 10 ans ».

REFERENCES :

  1. Hamdy F, Donovan J, Lane A et coll. 10-Year Outcomes after Monitoring, Surgery, or Radiotherapy for Localized Prostate Cancer. NEJM 2016.September 14, 2016DOI: 10.1056/NEJMoa1606220

  2. D’Amico A. Treatment or Monitoring for Early Prostate Cancer. NEJM 2016. September 14, 2016DOI: 10.1056/NEJMe1610395

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