Cancers de prostate à faible risque : choisir le traitement en fonction des effets indésirables?

Dr Isabelle Catala

Auteurs et déclarations

19 septembre 2016

Oxford, Royaume-Uni -- Pour la première fois, les trois options thérapeutiques proposées dans les cancers de la prostate – surveillance, radiothérapie et chirurgie – ont été comparées dans une même étude (Landmark ProtecT). Et les conclusions de ce travail à 10 ans, publiées dans le New England Journal of Medicine, vont agiter le milieu de l’urologie dans les mois qui viennent [1]. En effet, chez les hommes souffrant de cancer de la prostate localisé à faible risque ou à risque intermédiaire, l’incidence des décès en lien avec la maladie est strictement superposable quel que soit le traitement choisi.

Informer plus spécifiquement les patients

Mais à chaque type de prise en charge, des risques particuliers sont associés :

-métastases pour la surveillance active,

-complications digestives (rectorragies surtout) pour la radiothérapie,

-incontinence ou dysfonction sexuelle pour la chirurgie.

Pour le Dr Rahul Tendulkar (Cleveland, Etats-Unis), interrogé par Medscape, « cette étude ne va pas changer les pratiques, et ce d’autant que désormais la surveillance active est une option qui est proposée pour certains patients. Mais grâce à ce travail, il sera possible d’informer plus spécifiquement les patients des bénéfices et des risques de chacun des traitements, afin de les aider à prendre une décision éclairée ».

Eviter de surtraiter et de faire courir le risque de complications

Mettre en place une étude comparant frontalement deux traitements validés à l’époque (la chirurgie et la radiothérapie) et une approche assez nouvelle (la surveillance active) était particulièrement courageux en 1999, date à laquelle Landmark ProtecT a été proposée.

Le but de ce travail était de suivre pendant 10 ans des hommes atteints de cancer de la prostate à risque faible ou intermédiaire, diagnostiqué à la suite d’un examen de dosage du PSA. L’idée était de disposer d’arguments fiables expérimentaux pour éviter de sur-traiter les patients à faible risque ou à risque intermédiaire et de leur faire courir le risque de complications inhérentes au traitement radical.

Surveillance par le taux de PSA

Au total, la cohorte britannique Landmark ProtectT était constituée de 82 429 hommes de 50 à 69 ans, dont 2 664 étaient éligibles pour l’étude. 1 643 (âge moyen 62 ans) ont accepté d’être tirés au sort pour l’une des trois options thérapeutiques : 545 dans le groupe surveillance, 553 dans le bras chirurgie et 545 qui ont été traités par hormonothérapie pendant 3 à 6 mois avant l’irradiation.

L’idée était de disposer d’arguments fiables expérimentaux pour éviter de sur-traiter les patients.

Au total, 76 % des patients présentaient un stade T1c, le score de Gleason était de 6 pour une grande majorité d’entre eux (77 %) et de 7 pour 21 %. Le PSA moyen à l’inclusion s’établissait à 4,6 ng/ml.

Tous les hommes ont été suivis par un dosage régulier du PSA : tous les 3 mois pendant les deux premières années, puis tous les 6 mois pendant la troisième année puis tous les ans. Aucune biopsie n’était pratiquée de façon systématique, elles n’étaient réalisées que si les taux de PSA se majoraient.

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