Méningite à méningocoque B : une dose de Bexsero en moins pour les nourrissons

Aude Lecrubier

Auteurs et déclarations

3 juillet 2018

La chercheuse ajoute que le programme n’en est qu’à ses débuts, qu’il faudra évaluer l’impact vaccinal à long terme grâce à un programme de surveillance mais que « le bénéfice est net ». « Nous espérons que les pays du monde entier ayant connaissance de ces résultats, envisageront d’introduire des programmes de vaccination similaires, sauvant ainsi la vie de beaucoup, beaucoup d’enfants », conclut-elle.

Faut-il élargir les indications ?

Dans de nombreux pays, et notamment en France et aux Etats-Unis, le Bexsero® reste réservé aux personnes à risque élevé de contracter une infection invasive à méningocoque et à des circonstances bien précises, comme des situations épidémiques.

Ces nouvelles données anglaises devraient-elle faire bouger les lignes ?

« Ces résultats sont très précoces. Or, une des questions importantes vis-à-vis de ce vaccin est la durée de l’immunité. Il est encore trop tôt pour dire que cette stratégie vaccinale est réellement opérante », tempère le Pr Floret.

Aussi, le pédiatre rappelle qu’en Angleterre, l’incidence des infections à ménigocoque B est particulièrement élevée.

Les stratégies vaccinales doivent être adaptées au contexte propre à chaque pays.

« Le schéma vaccinal de 3 doses et un rappel me semble irréalisable dans le contexte français où le calendrier vaccinal est déjà jugé surchargé et alors que la pression en matière de nombre de cas n’a rien à voir avec celle des anglais. Aussi, depuis un peu plus de deux ans, l’incidence des infections à méningocoques B diminue de façon très sensible en France comme ailleurs », conclut le Pr Floret.

Pas de stratégie généralisée en France aujourd’hui : pourquoi ?

Pour rappel, dans son avis de 2013, le Haut Comité de Santé Publique (HCSP) indiquait que compte-tenu :

-de l’absence de données d’efficacité clinique disponibles ;

-de la durée de séroprotection limitée à 6-12 mois après vaccination complète chez le nourrisson et variable selon les antigènes ;

-du schéma vaccinal du nourrisson lourd : 3 doses et un rappel, séparément des autres vaccins recommandés à cet âge ;

-de l’absence de données démontrant un effet du vaccin sur le portage, effet indispensable à la mise en place d’une immunité de groupe ;

-d’un rapport coût-efficacité défavorable ;

-des incertitudes sur une efficacité potentielle de ce vaccin sur les sérogroupes non B :

il ne recommandait pas « l’utilisation du vaccin Bexsero® dans le cadre d’une stratégie généralisée de prévention des infections invasives à méningocoques B en France chez le nourrisson, l’enfant, l’adolescent et l’adulte. »

 

Le Pr Daniel Floret n’a pas déclaré de liens d’intérêt.

 

REFERENCE:

  1. Public Health England. Vaccine cuts cases of meningitis and septicaemia in UK infants. 5 septembre 2016.

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