Rome, Italie – Présentée au congrès de l’ European Society of Cardiology ESC 2016, PRAGUE 18, la première étude à comparer de façon randomisée le ticagrelor et le prasugrel, montre que les deux antiplaquettaires sont à égalité en termes d’efficacité et de sécurité à la phase aigüe de l’infarctus du myocarde STEMI [1]. « Nos résultats confirment les comparaisons indirectes – car non randomisées mais tirées de l’analyse de différents registres – entre ces deux médicaments » a commenté le Pr Petr Widimsky (Charles University, Prague, République Tchèque). Elle est publiée dans Circulation [2].
Liberté de choix
Nouvelle mouture del’étude tchèque PRAGUE (PRimary Angioplasty in patients transferred from General community hospitals to specialized PTCA Units with or without Emergency thrombolysis) qui évalue année après année différentes options de prise en charge de l’infarctus du myocarde avec sus-décalage du segment ST. Présentée en Hot Line, PRAGUE 18 a inclus 1230 patients STEMI, randomisés avant angioplastie pour recevoir :
- soit du prasugrel 60 mg oral, suivi de 10 mg/jour (ou 5 mg si âge > 75 ans ou poids < 60 kg) pendant 1 an
- soit du ticagrelor 180 mg oral suivi de 90 mg deux fois par jour pendant 1 an.
Le critère primaire était défini par le décès, la récidive d’infarctus, revascularisation en urgence, AVC, saignements sévères nécessitant une transfusion, hospitalisation prolongée, à 7 jours. Le critère secondaire portait sur les décès CV, infarctus et AVC à 30 jours.
L’étude avait aussi pour objectif d’évaluer la sécurité des patients qui, une fois sorti de l’hôpital, « switch » du prasugrel/ticagrelor vers le clopidogrel pour des raisons économiques. « En République Tchèque, les deux premiers antiplaquetaires cités sont entièrement pris en charge à l’hôpital, mais sont partiellement à la charge du patient une fois celui-ci sorti » a expliqué l’orateur en conférence de presse.
Etude interrompue prématurément
L’étude – qui devait initialement inclure 2500 patients – a été arrêtée prématurément après qu’une analyse préliminaire ait révélé l’absence de différence entre les groupes sur ce critère primaire (4,0% et 4,1% entre le groupe prasugrel et le groupe ticagrelor respectivement; P=0,939).
De même, aucune différence n’a été mise en évidence sur le critère secondaire comprenant le décès cardiovasculaire, l’infarctus non fatal ou AVC dans les 30 jours (2,7% et 2,5%, respectivement; P=0.864).
« Les résultats de cette étude donne de la liberté aux cliniciens quant au choix de l’agent antiplaquettaire ajouté à l’aspirine pour les patients avec un STEMI qui reçoivent une double thérapie antiplaquettaire » a commenté le Pr Widimsky.
Des critiques se sont cependant élevées sur la taille de l’étude et sa validité statistique. « Avec un critère de jugement primaire à 7 jours, une étude clairement sous-dimensionnée et l’absence de double aveugle, PRAGUE-18 est pour moi un non-événement » a commenté pour Medscape le Pr Jean-Philippe Collet (Hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris). Mais elle a le mérite d’être la première comparaison directe prasugrel-ticagrelor d’où la publication dans Circulation. Il faudra attendre les résultats de l’étude ISAR-REACT 5 menée par A. Kastrati sur plus de 4000 patients dans un an et demi pour avoir une réponse fiable sur la comparaison directe. »
Quant aux résultats de suivi à 1 an des patients PRAGUE 18, ils seront présentés l’an prochain.
L’étude PRAGUE 18 a bénéficié de soutien institutionnel, non industriel. |
REFERENCES :
Motovska Z, Hlinomaz O, Miklik R, et al. Prasugrel versus ticagrelor in patients with acute myocardial infarction treated with primary percutaneous coronary intervention: multicenter randomized PRAGUE-18 study. Circulation. 2016;Epub ahead of print.
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Citer cet article: Stéphanie Lavaud. Egalité entre ticagrelor et prasugrel dans l’infarctus à 7 jours dans PRAGUE 18 - Medscape - 1er sept 2016.
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