Les empreintes digitales modifiées par certains traitements oncologiques

Dr Isabelle Catala

Auteurs et déclarations

30 août 2016

Rotterdam, Pays-Bas -La publication dans JAMA Oncology de l’équipe de Rotterdam (Pays-Bas) coordonnée par le Dr Leni van Doorn peut paraitre comme anecdotique. Elle conclut en effet que les empreintes digitales des personnes sous capecitabine ou inhibiteurs de tyrosines kinases (sunitinib) pourrait être modifiées temporairement ou définitivement par le traitement.

A l’heure où l’entrée dans certains pays, tels que les Etats-Unis, est soumise à identification par empreintes et que certains Smartphones sont activés par un système de reconnaissance digitale, les conséquences des modifications du relief des doigts pourraient compliquer la vie des patients.

Les auteurs ont mis à contribution trois dactyloscopistes et un détective de la police nationale néerlandaise.

Les experts : trois dactyloscopistes, un détective

Pour arriver à cette conclusion, les auteurs ont mis à contribution trois dactyloscopistes (spécialistes en lecture des empreintes digitales) et un détective de la police nationale néerlandaise. Ils étaient chargés de comparer les reliefs digitaux de 150 patients avant et pendant leur traitement oncologique. Les experts ont même disposé pour certains patients d’empreintes réalisées à distance du traitement.

Il s’agissait majoritairement de personnes atteintes de cancers colorectaux (49 sur 150) ou de carcinome hépatocellulaire (31).

Au total, 66 ont été traités par capecitabine, et 46 par inhibiteurs de tyrosine kinase (30 par sorafenib, 10 par pazopanib et 6 par sunitinib.

Le Dr van Doorn a choisi d’analyser l’impact de ces traitements car la capecitabine est à l’origine de syndromes d’érythrodysesthésies palmo-plantaires et les inhibiteurs de tyrosine kinase de syndromes mains-pieds plus ou moins sévères.

Les modifications éventuelles d’empreintes ont été classées en deux types : changements sévères, ou modifications minimes ou nulles.

Dans les 2 à 3 semaines suivant l’arrêt du traitement, l’impact sur les empreintes digitales s’est atténué.

Un retour à la normale possible

Pendant les 8 semaines de traitement, 9 des patients traités par capecitabine (14 %) et un de ceux sous sunitinib (2 %) ont présenté une perte sévère des caractéristiques de leurs empreintes digitales. Par ailleurs, 70 % des maladies sous capecitabine et 46 % de ceux sous inhibiteurs de tyrosine kinase ont souffert d’effets secondaires cutanés du traitement. Mais, l’atteinte des empreintes digitales n’était pas corrélée à la gravité des effets indésirables.

Les auteurs notent néanmoins que dans les 2 à 3 semaines suivant l’arrêt du traitement, l’impact sur les empreintes digitales s’est atténué chez les 3 uniques patients qui ont pu être suivi à plus long terme.

REFERENCE :

  1. van Doorn L, Veelenturf S, Binkhorst L et coll.Capecitabine and the Risk of Fingerprint Loss. JAMA Oncol. Published online August 25, 2016. doi:10.1001/jamaoncol.2016.2638.

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