Enregistré le 28 août 2016, à Rome, Italie

En direct du congrès de European Society of Cardiology 2016 , le Pr Christophe Leclercq résume les points à retenir des nouvelles recommandations sur la prise en charge de la fibrillation atriale.
TRANSCRIPTION
Bonjour, je suis Christophe Leclercq, cardiologue au CHU de Rennes. Je vous souhaite la bienvenue à Rome, au cours du Congrès de la Société Européenne de Cardiologie. Ce matin ont été présentées les nouvelles recommandations pour la prise en charge de la fibrillation atriale, les dernières dataient de 2012. Nous attendions avec beaucoup d’impatience ces nouvelles recommandations.
Un screening des patients plus invasif
Tout d’abord, qu’en est-il du screening des patients qui sont susceptibles de présenter un épisode de fibrillation atriale? Et bien il est toujours recommandé, chez les patients de plus de 65 ans, de prendre le pouls régulièrement afin de détecter une éventuelle arythmie. Mais fait nouveau chez les patients de plus de 75 ans, la Société Européenne de Cardiologie recommande d’être un petit peu plus « invasif » à la recherche de fibrillation atriale avec la réalisation d’électrocardiogramme, voire d’électrocardiogramme de longue durée. D’autre part, la Société Européenne de Cardiologie recommande toujours, avant d’entamer un traitement pour la prise en charge de la fibrillation atriale, de réaliser bien évidemment un électrocardiogramme, mais aussi de manière systématique, une échocardiographie cardiaque.
Traitement anticoagulant : des recommandations différentes pour les femmes et les hommes
Qu’en est-il du traitement anticoagulant, traitement qui a été profondément modifié ces dernières années avec l’avènement des anticoagulants directs? Le fait nouveau cette année est qu’il existe des recommandations différentes pour les femmes et les hommes. Vous vous souvenez que dans le score de CHA2DS2-VASc, qui nous sert à prendre des décisions pour la prescription et la non-prescription d’un traitement anticoagulant, le fait d’être une femme était un facteur de risque. Aujourd’hui, il existe des recommandations bien distinctes pour les femmes et pour les hommes. Par exemple, un traitement anticoagulant doit être prescrit chez les hommes qui ont un score de CHA2DS2-VASc > 2. Chez les femmes, ce même traitement doit être prescrit si elles ont un score > 3. Une autre question importante qui était dans la « mission » de ces nouveaux guidelines – guidelines qui malheureusement ne nous apportent pas de réponses bien tranchées – était sur les patients qui ont un score de CHA2DS2-VASc à 1 chez les hommes, ou à 2 chez les femmes, des patients qui sont à faible risque embolique mais qui ont quand même un risque embolique. Et bien là, la décision reste au cardiologue praticien. On dit qu’il faut anticoaguler mais en prenant bien évidemment en compte le risque hémorragique, l’activité du patient, le choix du patient.
En ce qui concerne les anticoagulants directs, il y a bien évidemment les 4 anticoagulants directs qui sont aujourd’hui sur le marché qui sont recommandés, et la Société Européenne de Cardiologie recommande en cas d’initiation de traitement anticoagulant plutôt l’utilisation de ces anticoagulants directs que les anti-vitamine K (AVK). En ce qui concerne le remplacement d’un traitement anticoagulant par AVK et chez un patient chez qui les INR sont bien stables, et bien là le « switch » de l’AVK vers les anticoagulants directs est recommandé avec un très faible niveau de recommandation, un niveau 2 B ; ceci peut se traduire que chez un patient qui est stable sous AVK, il est tout de même recommandé de poursuivre les anti-vitamine K directs.
Le traitement anti-arythmique médicamenteux
Pas de grandes nouveautés en ce qui concerne le traitement anti-arythmique médicamenteux dans la prise en charge de la fibrillation atriale, avec toujours la règle que si le patient est asymptomatique avec une fibrillation atriale permanente, il est justifié de la ralentir plutôt que d’essayer de la réduire et de maintenir le rythme sinusal en utilisant les anti-arythmiques.
L’ablation
Qu’en est-il de l’ablation de la fibrillation atriale? Et bien là, il n’y a pas eu de grand changement. La fibrillation atriale peut être ablatée si elle est paroxystique, avec bien évidemment un niveau de recommandation très élevé en cas d’échec au traitement médical, et toujours un niveau de recommandation fort de première intention, bien évidemment après discussion avec le patient en lui expliquant les risques de cette procédure.
En ce qui concerne la fibrillation atriale persistante ou la fibrillation atriale permanente, l’ablation n’est indiquée qu’en cas d’échec du traitement médical et surtout pas en première intention, car on connait les difficultés de ces procédures d’ablation et leur succès un peu plus faible que dans la fibrillation atriale.
Les tests génétiques
Enfin, un dernier point en ce qui concerne la génétique, qui est très à la mode actuellement dans les recommandations rythmologiques. Il n’est pas conseillé de faire des recherches génétiques systématiques chez les patients en fibrillation atriale, mais simplement chez les patients qui ont des antécédents familiaux ou d’autres pathologies potentiellement d’origine génétique.
Voilà donc en quelques mots les nouveautés de ces guidelines que je vous invite à lire. C’est un long document qui fait plus de 80 pages, qui n’est pas toujours facile à lire, mais il nous faudra je pense quelques semaines, voire quelques mois pour le digérer complètement. Bonne journée à tous et à très bientôt.
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Citer cet article: Fibrillation atriale: les nouvelles recommandations européennes 2016 - Medscape - 29 août 2016.
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