Rome, Italie – Présenté comme « le plus grand essai de thérapie cellulaire dans l’insuffisance cardiaque ischémique », CHART-1 (Congestive Heart Failure Cardiopoietic Regeneretive Therapy) « a permis d’identifier une sous-population de patients présentant un volume important en fin de diastole, qui a bénéficié du traitement par cellules cardiopoiétiques ». Ces mots sont ceux du Pr Jozef Bartunek (AAlost, Belgique) qui a présenté CHART-1ors ducongrès de l’European Society of Cardiology (ESC2016 ) [1].
Comme la plupart des essais de thérapie cellulaires menés dans l’insuffisance cardiaque, CHART-1 repose sur l’injection intracardiaque de cellules médullaires souches autologues. Deux différences cependant. D’une part, ces cellules ont préalablement été cultivées dans des conditions favorisant leur différenciation en cellules souches cardiaques. D’autre part, l’essai a été mené chez 271 patients dans 39 hôpitaux en Europe et Israël, et versus une « fausse procédure » (sham).
Selon les résultats à 39 semaines, présentés à Rome, l’étude est neutre pour le critère primaire.
Celui-ci est un composite associant la mortalité toute causes, l’aggravation de l’insuffisance cardiaque, le score au Minnesota Living with Heart Failure Questionnaire, la distance parcourue en 6 minutes, le volume ventriculaire gauche en fin de systole, et la fraction d’éjection VG.
« Pour toutes les composantes de ce critère, y compris la mortalité et l’aggravation de l’IC, les tendances sont favorables », a souligné le Pr Bartunek. La mortalité est ainsi de 4,5% dans le groupe effectivement traité, contre 6,2% dans le groupe contrôle. Pour l’aggravation de l’IC, les chiffres sont de 12,2% vs. 17,7%, tandis qu’une amélioration de la distance couverte au test de marche de 6 minutes a été observée chez 43% et 25% des patients respectivement.
Des analyses exploratoires ont par ailleurs été effectuées, qui font ressortir un effet significatif chez les patients dont le volume VG en fin de diastole est compris entre 200 et 370 mL (60% de l’effectif).
Ces analyses exploratoires livrent toutefois aussi un résultat curieux : l’effet de la thérapie serait d’autant meilleur que le patient auraient reçu < 19 injections de cellules.
A propos de cette relation dose-effet inverse, le Pr Bartunek a rappelé que « l’on n’est pas dans l’action dose-dépendante d’un agent chimique ». Certes, mais il manque l’explication. La plus plausible serait que les injections peuvent en elles-mêmes avoir des effets délétères sur le myocarde, et que point trop n’en faut.
En conclusion, « il n’y a pas de conclusion solide », a admis le Pr Bartunek. « On ne sait pas grand-chose sur la thérapie cellulaire. Il faut néanmoins retenir ce signal ».
Les analyses seront reconduites à 12 mois. On aura alors des nouvelles du signal. En attendant, la meilleure attitude semble être un composite associant doute, circonspection, prudence, et peut-être aussi un zeste de réflexion sur ce que l’on sait aujourd’hui – et surtout ce que l’on ignore – de la manière dont une cellule s’insère dans un tissu et participe à sa fonction d’ensemble.
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Citer cet article: Vincent Bargoin. Insuffisance cardiaque : la thérapie cellulaire surtout en quête d’elle-même - Medscape - 29 août 2016.
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