Rome, Italie – Accumuler les données issues de la télésurveillance des patients insuffisants cardiaques bénéficiant d’un dispositif implantable a-t-il un intérêt clinique ? Non, à en croire deux études, l’une anglaise, REM-HF [1],l’autre italienne MORE-CARE [2],présentées au congrès de l’European Society of cardiology ESC2016 qui montrent toutes deux qu’un tel suivi n’améliore ni la mortalité, ni les hospitalisations CV. Cela permet-il néanmoins de réduire les coûts de santé ? Oui, à en croire l’étude MORE-CARE dans laquelle la télésurveillance a permis une réduction de 41% des consultations (planifiées) sans contrepartie en termes de sécurité du patient. L’étude REM-HF n’a pas (encore) évalué cet aspect.
REM-HF et MORE-CARE sont respectivement publiées dans le JAMA et l’Eur. Heart.Journal.
Réduire significativement l'aggravation de l'insuffisance cardiaque
De plus en plus de patients insuffisants cardiaques bénéficient de dispositifs implantés (pacemaker, défibrillateurs ou une combinaison des deux). Ces appareils présentent l’avantage d’enregistrer des informations comme le fonctionnement et l’activité du dispositif en lui-même, mais aussi sur les nombreuses caractéristiques physiologiques du patients (activité, impédance transthoracique, variabilité du rythme cardiaque, rythme cardiaque nocturne, arythmies).
« A la date d’aujourd’hui, les essais contrôlés randomisés de télésurveillance ont des résultats variables, probablement en raison des caractéristiques des patients, de la technologie utilisée et de la réponse apportée aux données collectées » a indiqué le Pr Martin Cowie (Imperial College London) en présentant l’étude REM-HF en conférence de presse. Certaines montrent une amélioration de la survie. On se rappelle qu’en 2013, l’étude IN-TIME , par exemple, a fait la preuve qu’un tel monitoring était susceptible de réduire significativement l'aggravation de l'insuffisance cardiaque, la mortalité toute cause et la mortalité cardiovasculaire à 1 an. Alors que d’autres essais indiquent, eux, un bénéfice médico-économique.
Dans la lignée de ces résultats optimistes, deux études européennes ont été conduites pour déterminer si un suivi personnalisé des données des patients recueillies plus régulièrement que lors d’un suivi standard avec ce type d’appareils était susceptible de détecter de potentiels signes de décompensation et d’améliorer la prise en charge de l’insuffisance cardiaque en termes d’hospitalisation et de mortalité cardiovasculaire. Chacune des cohortes a inclus un nombre important de patients suivis, à chaque fois, pendant plus de 2 ans.
Envoi hebdomadaire des données dans REM-HF
L’étude REM-HF, menée dans 9 hôpitaux anglais, a inclus 1650 patients (70 ans d’âge moyen) dotés d’un appareil de type resynchronisateur/stimulateur (CRT-P), resynchronisateur/défibrillateur (CRT-D) ou défibrillateur/resynchronisateur (ICD). Tous ont été randomisés pour recevoir des soins usuels seuls ou agrémentés d’une télésurveillance plus poussée. Les patients de ce dernier groupe voyaient leurs données enregistrées automatiquement toutes les semaines et transmises à des professionnels de santé susceptibles de les conseiller sur leur traitement, leur hygiène de vie, la nécessité d’une visite médicale supplémentaire (en cardiologie, chez leur médecin généraliste ou aux urgences). Ils bénéficiaient par ailleurs d’une prise en charge médicale usuelle de leur insuffisance cardiaque, à l’identique du bras contrôle. Celui-ci, de son côté, avait, bien sûr, droit à la surveillance à distance classique pour ce type d’appareils (tous les 3 à 6 mois) mais sans enregistrement supplémentaire des données patients toutes les semaines.
Après un suivi médian de 2,8 années, aucune différence significative n’a été observée entre les 2 groupes en termes de mortalité et d’hospitalisation pour raison cardiovasculaire (critère primaire de l’étude) survenues chez 42,4% des patients du groupe télé-suivis contre 40,8% dans le groupe contrôle (HR : 1,01 ; [IC95% : 0,87-1,18 ; P = 0,87]). Par ailleurs, « nous n’avons aucun sous-groupe de patients (âge, genre, grade NYHA, type de dispositif, antécédent de FA ou de maladie coronaire) susceptible de bénéficier d’un suivi renforcé de la télésurveillance » a déclaré le Pr Cowie.
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Citer cet article: Stéphanie Lavaud. Télésurveillance de l’IC : 2 études négatives sur la mortalité et les hospitalisations CV - Medscape - 28 août 2016.
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