Rome, Italie – Nouvelle déception pour la mesure de la réactivité plaquettaire après angioplastie-stenting : l’étude ANTARCTIC est négative. Les résultats, présentés par le Pr Gilles Montalescot (Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris) lors ducongrès de l’European Society of Cardiology (ESC2016 ), et publiés simultanément dans le Lancet, ne montrent aucun bénéfice d’un test de réactivité plaquettaire avec ajustement éventuel du traitement. Cette neutralité se retrouve aussi bien pour les évènements thrombotiques que pour les évènements hémorragiques [1].
« ANTARCTIC aboutit à la même conclusion que l’étude ARCTIC dans une population différente, avec un médicament différent, alors même que des limitations potentielles d’ARCTIC ont été prises en compte », résume le Pr Montalescot. « Je m’attend à des ajustements des recommandations et de la pratique à la lumière de ces résultats ».
Commentant la présentation du Pr Montalescot en conférence de presse, le Pr Stephan Gielen (Leipzig, Allemagne) a malgré tout apporté un peu de positivité, en remarquant que si le traitement de base (prasugrel 5 mg pris pour référence dans l’étude), n’était pas surclassé par le traitement ajusté, c’est qu’il doit déjà être à peu près optimal.
Après ARCTIC, ANTARCTIC
L’étude ANTARCTIC (Assessment of a Normal versus Tailored dose of prasugrel after stenting in patients Aged > 75 years to Reduce the Composite of bleeding, stent, Thrombosis and Ischemic Complications) fait donc suite à l’étude ARCTIC (Assessment by a Double Randomization of a Conventional antiplatelet Strategy versus a Monitoring-guided Strategy for Drug-eluting Stent Implantation and of Treatment Interruption versus Continuation One Year after Stenting), présentée au congrès de l'American Heart Association en 2012.
Pourquoi ce nouvelle essai, après échec du premier ? « Il s’agissait de donner une nouvelle chance à la mesure de la réactivité plaquettaire », explique le Pr Montalescot.
A cela, au moins deux arguments. Premièrement, la rationalité même de la démarche, confortée par des chiffres publiés en 2013, montrant qu’une réactivité plaquettaire élevée sous traitement s’accompagne d’un excès d’infarctus du myocarde, et d’une baisse d’incidence des saignements majeurs [2]. L’étude indiquait un intervalle optimal de réactivité plaquettaire entre 85 et 208 PRU (platelet reactivity unit).
Deuxièmement, l’observation dans ARCTIC, malgré des résultats globalement négatifs, d’une tendance en faveur de l’ajustement du traitement pour les saignements (3,1% de saignements dans le groupe intervention, contre 4,5% dans le groupe contrôle ; p=0,08).
Par ailleurs, « un certain nombre de critiques avaient été adressées à ARCTIC », indique le Pr Montalescot. Ces critiques concernaient notamment le recrutement de patients à faible risque (patients stables, angioplastie élective), et, à l’époque, l’utilisation encore très majoritaire du clopidogrel.
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Citer cet article: Vincent Bargoin. ANTARCTIC : coup de froid sur le monitoring de l’activité plaquettaire après stenting - Medscape - 28 août 2016.
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