Paris, France — Installation de médecins étrangers en France, formation en Roumanie d’étudiants français, migration des médecins français aux États-Unis ou en Suisse… La question de la mobilité des professionnels de santé, dans une Europe en proie aux pénuries de professionnels et aux crispations nationalistes, fait débat. L’Observatoire national de la démographie des professions de santé (ONPDS) vient de rendre public une étude à ce sujet, en se concentrant sur quatre professions de santé : médecins, chirurgiens-dentistes, sages-femmes, et pharmaciens [1].
En préambule, les auteurs de ce rapport tirent un premier constat : l’obsolescence de la régulation de l’accès aux professions de santé. « La régulation de l’accès aux professions de santé telle qu’elle existe en France, semble aujourd’hui mise à mal, notamment du fait des possibilités ouvertes par la réglementation de l’Union européenne (UE) en matière d’installation des professionnels de santé au sein de l’UE. […] À cela s’ajoute la possibilité pour des professionnels de santé, ayant obtenu leur diplôme hors de l’UE, d’exercer en France, sous certaines conditions et limites. Tous ces éléments font que la France, ainsi que de nombreux pays membres de l’UE, voient leurs dispositifs de régulation des professions de santé également mis à mal. »
9,7% des médecins diplômés à l'étranger
Si les possibilités, pour des médecins formés à l’étranger, qu’ils soient français ou non, d’exercer en France sont plus nombreuses, les médecins français peuvent également s’installer librement dans les pays de l’Union européenne. Raison pour laquelle cette étude tente de circoncire à la fois les flux entrants et les flux sortants de médecins. Avec plus ou moins de réussite. En effet, si la France se distingue par des statistiques détaillées sur les flux entrants de médecins, elle pêche par une quasi-absence de données sur le nombre de médecins français partant travailler à l’étranger. Quoi qu’il en soit, cette étude a au moins un mérite : comparer le nombre de médecins étrangers travaillant dans les principaux pays de l’OCDE : France, États-Unis, Suisse, Belgique, Canada. Les auteurs, concernant la France, se sont appuyés sur les données du registre professionnel des professions de santé (RPPS) de la Drees. Au 1er janvier 2015, il apparait ainsi que 9,7% des médecins en activité sont des professionnels à diplôme étranger. Des chiffres à comparer avec ceux du Canada par exemple, où un quart des médecins a un diplôme étranger. Dans certaines provinces, ce sont près de 50% des médecins qui sont à diplôme étranger, comme au Saskatchewan (53,2%).
Aux États-Unis, là encore, un quart des médecins sont formés à l’étranger. En Grande-Bretagne, la proportion de médecins étrangers est importante, mais les chiffres ne sont pas publics. En Suisse, 40% des médecins sont diplômés à l’étranger. Il n’y a guère qu’en Belgique où le nombre de médecins à diplôme étranger, parmi les pays étudiés par l’ONPDS, soit inférieur à la France : en 2012, seuls 1,2% des médecins généralistes avait un diplôme étranger, un taux qui monte à 4,4% pour les médecins spécialistes. « La part de professionnels à diplôme étranger est très variable d’un pays à l’autre. Elle apparaît limitée en France et plus importante dans la plupart des pays étudiés », note l’étude.
Actualités Medscape © 2016 WebMD, LLC
Citer cet article: Jean-Bernard Gervais. Enquête sur l’immigration et l’émigration des médecins en France - Medscape - 16 août 2016.
Commenter