Seattle, Washington (E-U) – Une étude basée sur une analyse de 174 articles montre que des taux d’activité physique élevés sont associés à un risque moindre de cinq pathologies parmi les plus fréquentes : cancers du sein et du côlon, diabète, maladies coronaires (infarctus et AVC).
Mais pour obtenir un effet préventif significatif, de l’ordre de 20% de réduction du risque, il faut que la quantité d’activité totale pratiquée atteigne le niveau de 3000 à 4000 équivalent métabolique (MET) minutes/semaine, soit bien plus que les 600 MET préconisés par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Augmenter l’intensité de l’activité physique au-delà entraine une diminution supplémentaire du risque, mais avec un « retour sur investissement » énergétique relativement faible, surtout en ce qui concerne le diabète et les coronaropathies. L’étude est parue dans le BMJ.
12 études de cohorte, plus d’1 million de personnes
L’effet bénéfique de l’activité physique (AP) sur la santé n’est plus à démontrer en prévention primaire, comme secondaire, et tant sur les pathologies cancéreuses (et notamment le cancer du sein et du côlon) que sur le diabète ou encore les maladies cardiovasculaires (infarctus et AVC). Ce qui est, en revanche, beaucoup moins clair, c’est la quantité d’effort à fournir pour obtenir un impact conséquent. Sachant qu’1 MET correspond au ratio de la dépense énergétique d'une personne en activité par rapport à celle d'une personne au repos, l’OMS recommande un minimum de 600 MET, soit 150 minutes de marche rapide ou 75 minutes de course (running) par semaine pour obtenir un bénéfice sur la santé. Mais à ce jour, aucune étude n’a quantifié sur un mode dose-réponse la quantité d’activité physique à fournir (en prenant en compte toutes les activités quotidiennes) permettant de réduire le risque de survenue de ces 5 pathologies, indiquent les auteurs. D’où cette analyse systématique de toutes les publications (en anglais) parues entre 1980 et 2016.
Les chercheurs ont sélectionné un total de 174 articles (35 pour le cancer du sein, 19 pour le cancer du côlon, 55 pour le diabète, 43 pour la pathologie cardiaque ischémique, 26 pour l’AVC ischémique). Ils en ont extrait les données se rapportant à la pratique de l’activité physique de façon large, en précisant le type (loisir, occupations domestiques, mode de transport), la catégorie, la durée, la fréquence, l’intensité. Quand les études ont mesuré l’AP de façon quantitative mais sans les exprimer en METs, les chercheurs ont alors établi une correspondance. Ils ont par ailleurs utilisé un outil statistique de type bayésien, nouveau pour ce type d’études.
Comment atteindre 3000 MET min/semaine ? Cela suppose d’incorporer quelques activités physiques à sa routine journalière. Par exemple : - monter des escaliers 10 minutes, - passer l’aspirateur 15 minutes, - jardiner 20 minutes, - courir 20 minutes, - et marcher ou faire du vélo 25 minutes (mode de déplacement) |
L’essentiel de l’effet préventif dès les valeurs de 3000-4000 MET min/semaine
En utilisant un mode de représentation linéaire, on observe que les taux d’activité physique totale (ie prenant en compte toute activité réalisée au cours de la journée) les plus élevés sont associés aux risques les plus bas de survenue des 5 pathologies listées. Néanmoins, l’essentiel de l’effet préventif est obtenu dès les valeurs de 3000-4000 MET min/semaine. A des valeurs d’activité plus élevées, le gain est réduit, en particulier en ce qui concerne le diabète, l’infarctus et le cancer du sein dans une moindre mesure.
A titre d’exemple, les personnes avec un taux d’activité physique de 600 MET minutes/semaine ont une réduction de leur risque de diabète de 2% par rapport à ceux qui ne rapportent aucune activité physique. Une augmentation de 600 à 3600 MET min/semaine entraine une réduction du risque supplémentaire de 19%. Une même augmentation de l’intensité physique a, en revanche, un rendement plus faible pour des valeurs plus élevées : passer d’une AP de 9000 MET min/semaine à 12 000 MET min/semaine ne réduit le risque que de 0,6%.
Pour le cancer du sein, la réduction du risque est estimée à 1% quand on passe de 0 à 600 MET min/semaine (non significatif), avec une réduction additionnelle de 4% pour une augmentation de l’activité de 600 à 3600 METmin/semaine, et de 2% en plus encore quand on passe de 9000 à 12 000 MET min/semaine.
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Citer cet article: Stéphanie Lavaud. Une activité physique soutenue réduit le risque de 5 maladies majeures - Medscape - 12 août 2016.
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