
Pr Denis Moro Sibilot
Paris, France — Les médecins urgentistes et généralistes doivent être mieux formés aux effets secondaires des nouveaux traitements anticancéreux, comme les anti-PD1 et les anti-PD-L1, a indiqué le Pr Denis Moro Sibilot (pneumologie, cancérologie, CHU de Grenoble), lors du congrès annuel de la Société Française du Cancer [1].
Interrogé par Medscape édition française, il a précisé que les symptômes du cancer, les effets secondaires de la chimiothérapie et ceux des immunothérapies anticancéreuses étaient parfois similaires, conduisant à de possibles erreurs de prise en charge avec des conséquences potentiellement graves.
Medscape - Quels sont les principaux effets secondaires qui peuvent être sources d’erreurs de prise en charge ?
Pr Moro Sibilot - Il faut prêter une attention particulière aux toxicités pulmonaires et gastro-intestinales associées aux immunothérapies.
Le traitement d’une colite inflammatoire liée au nivolumab, à l’atézolizumab ou au pembrolizumab, par exemple, est très spécifique. Les anti-diarrhéiques doivent être évités en raison du risque de perforation intestinale. Il est nécessaire de prescrire des corticoïdes, et au moindre doute, de programmer un scanner et une coloscopie pour identifier la colite.
En revanche, s’il s’agit d’une diarrhée liée à la chimiothérapie, les anti-diarrhéiques sont le traitement de référence.
Dans le cas de la colite associée à la chimiothérapie, la marche à suivre est bien codifiée.
En revanche, dans le cas d’une colite associée à une immunothérapie, la prise en charge est radicalement opposée et un médecin mal informé peut être amené faire des mauvais choix.
Les urgentistes, notamment, s’appuient souvent sur les informatisations des dossiers médicaux. Or, elles sont encore trop souvent parcellaires et peuvent être sources de confusion. Un code qui indique « hôpital de jour-chimiothérapie », ne signifie pas nécessairement que le patient a reçu une chimiothérapie et que l’effet secondaire qu’il présente est un effet secondaire lié à la chimiothérapie.
Qu’en est-il de la toxicité pulmonaire ?
MS- Les effets secondaires pulmonaires peuvent être faussement attribués au cancer du poumon alors qu’ils sont induits par l’immunothérapie. Dans ce cas, ils sont réversibles sous corticoïdes et avec des traitements adaptés.
Il faut être bien conscient que les malades qui bénéficient des nouveaux anticancéreux ont souvent un bien meilleur pronostic qu’auparavant. Il ne faut donc absolument pas avoir une attitude négativiste. En revanche, il faut une prise en charge adaptée.
Il existe une vraie nécessité de populariser ces traitements auprès de nos collègues.
Le Pr Moro-Sibilot a reçu des financements de divers laboratoires pharmaceutiques : Pfizer, Roche, Lilly, GSK, BMS, Novartis, Medexact, Icomed, Biopharma (voir site transparence.sante.gouv.fr). |
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Citer cet article: Effets secondaires des immunothérapies aux urgences : erreurs possibles - Medscape - 15 juil 2016.
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