Un système qui incite aux travaux coopératifs
Concrètement, il s’agit d’une collecte rétrospective et désormais prospective d’informations sur le patient, la tumeur primaire, les événements récidive locale et métastase, les RCP, l’inclusion dans un essai thérapeutique, ainsi que l’échantillon d’anatomie pathologique, la paraffine, le tissu congelé, l’immunohistochimie, la cytogénétique moléculaire, la lignée cellulaire, le sang périphérique et les lignes de chimiothérapie. Toutes ces données sont structurées sur le plan national grâce à la participation d’une dizaine d’assistants de recherche clinique (ARC), de 3 médecins à temps partiels, de 2 informaticiens et d’1 data manager.
« Sur le plan réglementaire, il a été décidé la règle suivante : un professionnel de santé n’a accès qu’aux données individuelles des patients de son centre et doit faire une demande d’autorisation pour obtenir celles des patients d’autres centres. Pour autant, nous avons mis en place un système qui incite aux travaux coopératifs. Ainsi, tout membre du groupe Sarcome français peut interroger la base pour étudier la faisabilité d’une étude et décider d’en initier une. Il lui suffit d’adresser par courrier électronique un descriptif résumé de l’essai, qui est ensuite soumis au conseil d’administration (qui sert de comité scientifique). Si le programme est validé, alors le data manager lance la recherche dans le module « studies » de la base pour aider le chercheur dans sa requête. »
Dès à présent, plusieurs types d’études ont été réalisés à partir de la BCB Sarcome : des études de facteurs pronostiques sur des cohortes de patients, comme par exemple, celles de description et validation du grading histopronostique de la FNCLCC dans différents types histologiques de sarcomes. D’autres s’intéressent à un type particulier de tumeurs, et notamment les tumeurs desmoïdes. Un autre programme est en cours sur les sarcomes développés sur tissu irradié. Enfin, des études portent spécifiquement sur des thérapeutiques comme l’étude de l’impact du délai, de la dose ou des volumes d’irradiation sur le pronostic local, ou l’étude de l’impact de la chimiothérapie néodjuvante, adjuvante ou palliative.
Utilité des big data pour les études en vraie vie Les données de santé sont indispensables à la définition des populations pouvant bénéficier de nouvelles thérapeutiques à travers des essais cliniques, elles le sont désormais de plus en plus pour évaluer leur utilisation et leur impact en vie réelle. Cela vaut aussi bien pour les laboratoires pharmaceutiques pour mesurer l’impact de la mise à disposition d’une nouvelle molécule dans la vraie vie et d’obtenir une estimation de son efficacité (son rapport bénéfices/risques), que pour la communauté médicale qui cherche à améliorer les connaissances et les pratiques, ou encore pour les Autorités de santé afin de suivre les effets d'un médicament après sa commercialisation, et d’en analyser l’impact médico-économique. |
Nécessité d’une harmonisation des pratiques pour rendre les données utilsables
Si l’organisation en réseaux de pathologistes et de cliniciens permet de couvrir l’ensemble des tumeurs conjonctives sur tout le territoire national avec un taux de quasi-exhaustivité, la base doit faire face à un certain nombre de challenges.
« Le premier est celui de la collecte et de la qualité des données, et la solution est certainement de mettre en place des compte-rendus standardisés et structurés, considère le Pr Coindre. S’ils existent en anatomo-pathologie, ils doivent désormais s’étendre à la consultation initiale, l’imagerie, la chirurgie, l’oncologie médicale, la radiothérapie et le suivi des patients. Autre challenge, l’intégration des données hétérogènes et en particulier les données « omiques » (profil génomique, profil d’expression, données de séquençage massif). Tout doit être codé ». Enfin, il y a le problème crucial de l’interopérabilité de ces différents systèmes. Les bases de données doivent être structurées pour être interopérables, c’est-à-dire utiliser des standards et des référentiels internationaux afin de pouvoir échanger les données collectées.
« Le BCB Sarcome constitue actuellement un outil important pour la prise en charge des patients et l’évolution des connaissances dans le domaine des sarcomes pour le GSF-GETO » a conclu le Pr Coindre. Le recueil quotidien de données concernant la relecture histologique de tous les nouveaux cas de sarcomes, GIST et tumeurs desmoïdes ainsi que les données de RCP des patients pris en charge par les réseaux nationaux permettent une actualisation particulièrement adaptée aux problématiques de la « vraie vie ». Un des futurs projets de développement est d’ailleurs la mise en place prochaine sur le plan national d’un suivi de l’efficacité et des effets secondaires des nouvelles molécules utilisées chez les patients en phase avancée.
REFERENCE :
Coindre JM. Les grandes bases de données nationales et les études dans la "vraie vie". (real world data) : l'exemple des sarcomes en France. SFC 2016.
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Citer cet article: Stéphanie Lavaud. Mise en commun des données sur le cancer : le cas d’école des sarcomes - Medscape - 15 juil 2016.
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