Polémique sur les statines: une étude confirme la hausse des arrêts de traitements

Vincent Richeux

Auteurs et déclarations

29 juillet 2016

Surmortalité de 25% chez les patients à haut risque

L’étude révèle également une surmortalité de 17%, toute cause confondue, entre 2012 et 2013, pour l’ensemble des patients utilisateurs réguliers de statines. En considérant uniquement les patients à haut risque, cette hausse de la mortalité atteint 25%.

 
Même si rien ne permet d'affirmer que la publication de cet ouvrage est en cause, cette hausse des arrêts de traitement est assez impressionnante en terme épidémiologique -- Julien Bezin
 

Pour autant, "le lien entre la hausse de mortalité et l'arrêt des traitements ne peut être établi", a précisé Julien Bezin, auprès de Medscape édition française. Toutefois, selon lui, ces variations représentent « une opportunité pour évaluer l’effet de l’arrêt des statines sur la mortalité ». D’autres recherches seront donc menées pour déterminer une éventuelle corrélation.

Globalement, « même si rien ne permet d'affirmer que la publication de cet ouvrage est en cause, cette hausse des arrêts de traitement est assez impressionnante en terme épidémiologique », a commenté Julien Bezin. « On ne s'attendait pas à un tel effet, surtout chez les patients prenant des statines en prévention secondaire ».

Si l'utilité des statines en prévention primaire des accidents cardiovasculaires ne fait pas l'unanimité, leur efficacité en prévention secondaire obtient davantage le consensus. D'ailleurs, anticipant une défiance envers les statines, la Haute autorité de santé (HAS) avait publié un communiqué en 2013 pour souligner leur utilité en prévention secondaire.

Ainsi, selon la HAS, « l’intérêt des statines est indiscutable » en prévention secondaire. Tandis qu’en prévention primaire, « les statines sont à réserver aux personnes, qui sont à haut risque c’est-à-dire, qui cumulent plusieurs facteurs de risque tels qu’un diabète, une hypertension artérielle, un tabagisme.»

Dans son communiqué, publié juste avant la sortie du livre du Pr Even, la HAS ajoutait: « Inquiéter les malades, provoquer leur défiance vis-à-vis d’un traitement utile et vis-à-vis des médecins qui prescrivent leur traitement n’est pas responsable. Faire courir le risque d’arrêter leur traitement à des malades qui en ont réellement besoin fait porter une responsabilité lourde à l’auteur de ce livre.»

Les auteurs ne déclarent aucun conflit d’intérêt pour cette étude. En dehors de cette étude financée sur fond propre, le service de pharmaco-épidémiologie du CHU de Bordeaux indique avoir reçu des contrats de recherches de la part des laboratoires suivants : Abott, Aptalis, AstraZeneca, Bayer, Baxter, BMS, Boehringer, Erempharma, Helsinn, Leo pharma, Lilly, Lunbeck, Pierre Fabre, Pfizer, Merck Serono, Novartis, Nycomed, Sanofi, Stallergenes, Vifor et Vivatech.

 

REFERENCE:

  1. Bezin J, Francis F, Nguyen NV, Impact of a public media event on the use of statins in the French population, Archives of Cardiovascular Diseases, publication en ligne du **

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