Polémique sur les statines: une étude confirme la hausse des arrêts de traitements

Vincent Richeux

Auteurs et déclarations

29 juillet 2016

Bordeaux, France Selon une étude s'appuyant sur des données de l'Assurance maladie [1], l'année 2013 a été marquée par une nette hausse des arrêts de traitement par statine. Ainsi, entre 2012 et 2013, l'incidence des arrêts de traitement est passée de 8,5% à 12%, y compris chez les patients à haut risque cardiovasculaire, en prévention secondaire. Une variation qui serait concomitante de la publication, cette année- là, du livre du Pr Philippe Even, très critique envers les statines, et à l'écho médiatique qui s'en est suivi.

Le livre du Pr Even, « La vérité sur le cholestérol », a suscité la polémique après sa publication en 2013. Selon la thèse développée dans cet ouvrage, le cholestérol ne serait pas si néfaste et le traitement hypolipémiant par statines, jugé inutile, voire délétère, servirait uniquement les intérêts de l'industrie pharmaceutique.

Ce message a été largement relayé par les médias, suscitant confusion et méfiance chez les patients. Cet écho médiatique a-t-il favorisé l'arrêt des traitements par statines, comme le redoutaient la communauté médicale et les associations de patients ?

Menée en mars 2013 par le Pr Etienne Puymirat (HEGP, Paris) et quatre autres cardiologues, une petite enquête, baptisée EVANS (Évaluation de l'impact de la controverse récente sur les statines en France) avait renforcé les inquiétudes: sur les 144 patients sous statines interrogés, 24% et 8% de ceux traités, respectivement en prévention primaire et secondaire, envisageaient de stopper leur traitement.

Un taux d’arrêt passant de 8,5% à 12%

Selon la nouvelle étude de Julien Bezin et ses collègues du service de Pharmacologie Médicale du CHU de Bordeaux et du centre de recherche INSERM U1219, beaucoup de patients semblent être passés à l’acte. Pour déterminer l'évolution des interruptions de traitement par statines, les chercheurs ont réalisé une analyse des données de l'Assurance maladie, entre 2011 et 2013.

En considérant les patients à haut risque, il apparait également une majoration des arrêts de traitement de 25% en 2013, pour passer à 7,3%.

Au total, pour chaque année étudiée, les données de près de 30 000 patients utilisateurs réguliers de statines ont été extraites. L’analyse montre qu'il y a bien eu une hausse, très nette, des interruptions de traitements pour l'année 2013, par rapport aux années précédentes. L'incidence de l'arrêt des statines est passée de 8,5%, en 2011 et 2012, à 12% en 2013.

Cette incidence varie selon le risque cardiovasculaire. Ainsi, en 2013, le taux d'arrêt est quasiment de 20% chez les patients à faible risque, soit une incidence en hausse de 50% par rapport à l'année précédente. Chez ceux à risque modéré, le taux d'arrêt de traitement est de 11,6%, en hausse de 40%.

En considérant les patients à haut risque, il apparait également une majoration de 25% des arrêts de traitement, qui passent à 7,3% en 2013. Une hausse, certes moins prononcée, mais plus préoccupante, puisqu'elle concerne la prise de statines en prévention secondaire.

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