Paris, France — « Tout signe clinique apparaissant dans les 24 heures qui suivent une plongée sous-marine est à considérer, jusqu'à preuve du contraire, comme un accident », a rappelé le Dr Jacques Bessereau, médecin urgentiste à l'Assistance publique des hôpitaux de Marseille (AP-HM), lors d'une intervention au congrès Urgences 2016 [1].
Lorsque survient un accident de plongée, l'aide médicale en mer s'appuie d'abord sur le Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (Cross), qui, par le biais de médecin régulateur, fait intervenir le Samu de coordination médicale maritime (SCMM).
Compte tenu du polymorphisme clinique caractérisant l'accident de plongée et de la difficulté à poser un diagnostic, « le SCMM est dans l'obligation de solliciter au préalable l'avis du médecin du centre hyperbare le plus proche », a indiqué le Dr Bessereau.
Parmi les accidents de plongée, l'accident de décompression n'est pas le plus commun. « Il représente un accident sur deux ». Sous-estimé, « l'oedème pulmonaire d'immersion serait probablement la deuxième cause d’accident », suivi du barotraumatisme pulmonaire.
Accident de décompression: des signes parfois tardifs
L'accident de décompression survient chez des plongeurs remontant trop vite, sans respecter les paliers de désaturation. La baisse de pression induit la formation de bulles d'azote, accumulé dans les tissus, qui n'ont pas le temps d'être éliminées par les voies pulmonaires.
Lorsque la dilatation des masses gazeuses survient au niveau péri-médullaire, on parle d'accident de désaturation médullaire, « qui peut être à l'origine d'une paraplégie ». L'accident de désaturation est cérébral, « lorsque les bulles se retrouvent dans le versant artériel au niveau de la tête et de l'oreille interne ».
Les bulles peuvent se former dans les tissus et y rester, notamment au niveau des bras et de la poitrine, ou dans les os, ainsi que les articulations, engendrant alors de fortes douleurs. « Les signes peuvent apparaitre tardivement, plusieurs heures après la sortie de l’eau », indique l'urgentiste.
« Classiquement, les personnes touchées vont consulter un service d'urgence pour des symptômes associés à une tendinopathie, généralement au niveau des épaules, des hanches et des genoux ». Or, il s'agit d'un dégazage intra-osseux, « pouvant évoluer vers une nécrose secondaire ».
« Les signes cliniques associés à un accident de décompression sont très variés », insiste le Dr Bessereau. En cas de suspicion, il est impératif de transférer le plongeur en urgence vers un caisson hyperbare. « Les signes cliniques régressent très bien, si la prise en charge en caisson intervient dans les deux à trois heures. Idéalement en moins de 90 minutes. »
Selon lui, il y a une règle simple à appliquer: « tout signe clinique apparaissant dans les 24 heures qui suivent une plongée sous-marine est à considérer, jusqu'à preuve du contraire, comme un accident ». Il en est de même pour « toute erreur de procédure de décompression, même en l'absence de signes ».
Actualités Medscape © 2016 WebMD, LLC
Citer cet article: Vincent Richeux. Accident de plongée: une gravité souvent dissociée de la clinique - Medscape - 6 juil 2016.
Commenter