Nouvelle Orléans, Etats-Unis — L’alcoolorexie ou drunkorexie, une attitude qui consiste à éviter délibérément de manger avant de s’alcooliser, se développe dangereusement sur les campus américains chez les jeunes filles comme chez les jeunes garçons.
L’alcoolorexie ou drunkorexie est une pratique qui associe : - la restriction de nourriture ;
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Selon les données présentées par le Pr Dipali V. Rinker (Université de Houston, Etats-Unis) lors du congrès scientifique annuel de la Research Society on Alcoholism, 8 étudiants sur 10 ont récemment eu un comportement de drunkorexie.
L’objectif de cette pratique, explique-t-il est d’être davantage ivre ou d’être saoul plus rapidement.
En tout 1184 étudiants ont été enrôlés sur le campus de l’université de Houston et à partir d’une plateforme collaborative sur internet. Tous les participants ont répondu à une enquête web. Ils devaient avoir consommé de l’alcool en excès au moins une fois au cours des 30 derniers jours. Cette alcoolisation excessive était définie par la consommation d’au moins 4 boissons pour les jeunes femmes et 5 boissons pour les jeunes hommes.
La moyenne d’âge des participants était de 22,3 ans. Près de 60 % étaient des femmes et près des deux tiers (63,3%) étaient blancs.
Huit étudiants sur 10
Les résultats montrent que 81 % des participants ont eu un comportement de drunkorexie au cours des 3 derniers mois.
Les jeunes appartenant à des associations d’étudiants avaient un risque plus élevé de mésusage de l’alcool, suivis par les étudiants en résidence universitaire, puis par ceux vivant en dehors du campus et par ceux vivant chez leurs parents.
Selon le Dr Rinker, vivre loin de sa famille et le stress des études sont des facteurs de risque mais il en existe d’autres.
« Nos données suggèrent que les étudiants avaient plus de risque d’avoir ces comportements « compensatoires » quand ils étaient athlètes, s’ils étaient déjà des gros buveurs, s’ils ressentaient des émotions négatives, s’ils avaient déjà des troubles du comportement alimentaire et, plus important encore, lorsqu’ils percevaient ces comportements comme tout à fait normaux pour des étudiants », explique le Pr Rinker.
Pas que les filles
Le Pr Rinker a indiqué qu’elle avait été surprise de voir que les jeunes garçons étaient tout aussi touchés par l’alcoolorexie que les filles, si ce n’est davantage.
Une étude, publiée fin 2011 par des chercheurs de l’université du Missouri, avait montré que les étudiantes étaient trois fois plus nombreuses à s’engager dans ce type de comportement que leurs homologues masculins. D’après cette première étude, une étudiante américaine sur six sautait le repas avant de sortir en soirée… afin d’éviter, notamment de prendre du poids.
Le taux important de jeunes hommes ayant un comportement d’alcoolorexie dans cette nouvelle étude s’explique, pour le Dr Rinker, par le fait « qu’en général, les hommes ont des comportements plus à risque avec l’alcool. »
Pour la chercheuse, les médecins ont un rôle à jouer pour limiter la propagation de ce phénomène.
« Ils peuvent informer les étudiants sur le fait que ces comportements sont bien moins normaux qu’ils le pensent et les encourager à manger et à faire de l’exercice de façon saine », explique-t-elle.
L’étude a été financée par une bourse de l’université de Houston et par le National Institute on Alcohol Abuse and Alcoholism. |
REFERENCE:
39ème congrès scientifique annuel de la Research Society on Alcoholism. 27 juin 2016.
LIENS :
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Citer cet article: Aude Lecrubier. Jeûner avant de se saouler : la nouvelle tendance sur les campus américains - Medscape - 4 juil 2016.
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