Prévenir la dépression par l’alimentation : ce que l’on sait

Vincent Richeux

Auteurs et déclarations

5 juillet 2016

Si les recherches se sont, pour le moment, essentiellement focalisées sur la dépression ou le déclin cognitif, d'autres travaux prévoient d'explorer le lien entre l'alimentation et l'apparition de troubles, comme l'anxiété, la toxicomanie ou le trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH).

Nouvelle stratégie pré ventive

« Il est très intéressant de constater que toutes ces recherches permettent aux praticiens et aux patients d'envisager une autre stratégie préventive, voire thérapeutique, contre les troubles mentaux », a commenté le médecin, qui a d'ailleurs encouragé ses confrères psychiatres à évoquer les répercussions de la nutrition avec leurs patients.

Il a toutefois mis en garde contre certains régimes alimentaires, réputés sains, alors qu'ils peuvent être déficients en certains nutriments. C'est le cas notamment du régime végétalien, (excluant tout produit d'origine animale) et dans une moindre mesure le régime végétarien, qui peuvent induire des carences en vitamine B12.

Une carence « très importante » en vitamine B12 a ainsi été observée chez 52% des individus ayant opté pour un régime végétalien, selon une étude récente, citée par le Dr Ramsey. Or, un déficit en vitamine B12 favorise la dépression, l'anémie et peut « provoquer des dommages irréversibles au niveau du cerveau », rappelle-t-il.

 
Ces recherches permettent aux praticiens et aux patients d'envisager une autre stratégie préventive, voire thérapeutique, contre les troubles mentaux.
 

Au cours d'une autre intervention [2], Emily Deans de l'université d'Harvard (Cambridge, Etats-Unis) a, quant à elle, évoqué une autre étude portant sur 30 femmes végétaliennes. Il est apparu que 60% de leurs enfants présentaient un retard de développement et 37% avaient une atrophie cérébrale.

Selon cette enseignante en psychiatrie, « il existe une corrélation entre un régime non carné et un risque accru d'anxiété et de dépression, voire une dégradation de la qualité de vie ». Une affirmation qui n’a pas manqué de faire réagir l’assistance, certains soulignant, en fin de session, les avantages supplémentaires du régime végétarien, notamment sur le cholestérol.

« Nourrir » le microbiote

D’autres habitudes alimentaires ont été citées, comme celles consistant à alterner des périodes de jeûne, qui sont favorables à la production de corps cétonés, « une source d'énergie potentiellement bénéfique pour le cerveau », estime le Dr Ramsey. Des études ont notamment suggéré que cet effet pourrait profiter aux patients atteints de troubles bipolaires.

Enfin, le psychiatre a évoqué l'influence désormais indiscutable de l'alimentation sur la composition du microbiote intestinal. Or, les recherches ont pu mettre en évidence l'implication de la flore intestinale sur la fonction cérébrale et, notamment, son rôle dans l'émergence de troubles, comme le stress ou les troubles bipolaires.

L'un des meilleurs moyens de conserver une diversité bactérienne au sein de son microbiote est de privilégier une alimentation variée, à base de produits d'origine végétale, a-t-il rappelé. Un régime apprécié par certaines bactéries intestinales, « qui semblent avoir un rôle fondamental sur notre santé ».

 

REFERENCES:

  1. Ramsey D, Food as a vital sign: the simple food assessment, 17 mai 2016, APA meeting, Atlanta.

  2. Deans E, You are what you eat: special diet and their implications in mental health and guest or host - The micro biome and behavior, 17 mai 2016, APA meeting, Atlanta.

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