Atlanta, Etats-Unis — L'adoption d'une alimentation saine et équilibrée, privilégiant les produits d'origine végétale, pourrait être un bon moyen de préserver sa santé mentale. C'est ce qu'a suggéré le Dr Drew Ramsey (Université de Columbia, Etats-Unis), au cours d'une intervention au congrès de l'American Psychiatric Association (APA) [1]. Il recommande, toutefois, d'être prudent avec le régime végétalien, associé à un risque de carence en vitamine B12, essentielle au bon fonctionnement du cerveau.
« Il apparait de plus en plus évident que le régime alimentaire a une implication sur la santé mentale, en particulier dans l'apparition de la dépression et des maladies neuro-dégénératives », a affirmé le psychiatre, au cours d'une session consacrée, pour la quatrième année consécutive, aux effets de l'alimentation sur le cerveau.
Lors de cette session, les intervenants sont venus présenter les dernières recherches portant sur les bienfaits de certains nutriments sur la santé mentale. Ils ont également évoqué l'impact de divers régimes alimentaires, censés être bénéfiques, ainsi que l'implication du microbiote intestinal dans l'émergence de troubles psychiatriques.
Oméga 3, magnésium, fibres et vitamines
Le Dr Ramsey a présenté, pour sa part, les résultats d'une analyse de la littérature, qu'il a menée avec ses collègues de l'université de Columbia, afin d'obtenir une classification des aliments et nutriments les plus bénéfiques pour la santé mentale. Les données qu'ils ont pu rassembler concernaient essentiellement le traitement et la prévention de la dépression.
Selon l'étude, qui devrait faire l'objet d'une publication, les principaux nutriments protecteurs contre la dépression sont les acides gras oméga 3, le magnésium, le calcium, les fibres, ainsi que les vitamines B1, B9, B12, D et E. Leurs bienfaits seraient liés à un effet anti-inflammatoire et à leur rôle fondamental dans le maintien de la membrane des neurones, avancent les chercheurs.
Particulièrement riches en ces nutriments, les aliments d'origine végétale sont à privilégier, estime le Dr Ramsey, qui rappelle, par ailleurs, que les produits d'origine animale sont également riches en vitamine B12 ou autre nutriment essentiel. A condition, estime-t-il, de favoriser la viande de qualité, issue d'animaux élevés au grain ou en pâturage.
En plus des fruits et légumes, les chercheurs ont également confirmé l'intérêt d'intégrer dans un régime alimentaire sain les fruits à coque (noix, noix de pécan, arachides…), les bivalves (moules, huitres, palourdes…) ou autre mollusques (poulpe, calamar, escargot…), ainsi que les poissons, comme le saumon et la sardine.
Des recherches sur l'anxiété et la toxicomanie
En France, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) recommande de consommer deux portions de poisson par semaine, dont un poisson gras (saumon, sardine, maquereau, hareng…). Les espèces susceptibles d'accumuler certaines substances, comme le methylmercure (requin, espadon…) sont toutefois à éviter, a précisé le Dr Ramsey.
Preuve de l'intérêt croissant pour cette thématique: des travaux, les premiers du genre, sont actuellement menés en Australie pour évaluer l'impact d'une alimentation riche en certains nutriments sur une dépression majeure. Alors que les études utilisées pour l'analyse de l'équipe du Dr Ramsey étaient quasiment toutes épidémiologiques, il s'agit cette fois d'une étude contrôle randomisée.
Baptisée SMILES, ce nouvel essai a inclus 176 patients souffrant d'épisodes dépressifs majeurs. Ils ont été répartis en deux groupes recevant, soit un régime sain et équilibré, soit un soutien psychologique. Selon le Dr Ramsey, les premiers résultats sur les effets de l’alimentation sont « positifs » et même « meilleurs que prévu ».
Actualités Medscape © 2016 WebMD, LLC
Citer cet article: Vincent Richeux. Prévenir la dépression par l’alimentation : ce que l’on sait - Medscape - 5 juil 2016.
Commenter