Malgré l'affaire Mégnien, le harcèlement à l'hôpital bat son plein

Jean-Bernard Gervais

Auteurs et déclarations

28 juin 2016

Paris, France — Le suicide du Pr Mégnien en décembre 2015, sur son lieu de travail, à l’hôpital européen Georges Pompidou a créé une onde de choc dans le milieu hospitalier. Le ministère de la Santé, aussi bien que l’AP-HP, ont commandé rapports et expertises pour prévenir dorénavant ce type d’issue dramatique. On était en droit de penser que le harcèlement hospitalier allait devenir la bête noire des directions, désormais. De récentes affaires semblent prouver le contraire.

Refus de réintégration au centre hospitalier Quinze-Vingt

Récemment les cinq intersyndicales de praticiens hospitaliers (Avenir Hospitalier, CMH, CPH, INPH, Snam-HP) se sont émues du sort réservé à l’une de leurs consœurs, pharmacienne praticien hospitalier, en conflit avec sa direction du centre hospitalier des Quinze-vingt à Paris. Suspendue à titre conservatoire en 2014 par la direction suite à un différent entre cette pharmacienne et un autre PH, la pharmacienne hospitalière a fait annuler cette décision par le tribunal administratif, qui a imposé de facto le retour dans son service le 1er avril 2016. Plutôt que de se plier aux injonctions du tribunal, la direction a prononcé le 7 juin une nouvelle décision de suspension de fonction à titre conservatoire. « Cette situation, décidée et organisée par la direction, sans justification explicite, est la démonstration d’un acharnement à l’encontre du praticien hospitalier en cause, voire de son harcèlement moral ! », s’écrient les intersyndicales. Contacté par Medscape, Jacques Trévidic, président de l’intersyndicale CPH, apporte quelques éclaircissements sur cette situation ubuesque : « Il s’agit d’un conflit entre personnels. Cinq personnes du même service de cette PH ont menacé d’user de leur droit de retrait si elle était réintégrée. Pourtant, aucune faute disciplinaire n’a été retenue contre elle. Cela fait deux ans qu’elle est suspendue, et payée à ne rien faire. »

Suspension de salaire à Valenciennes

Fin avril dernier, les intersyndicales de PH dénonçaient une situation similaire, cette fois-ci au centre hospitalier de Valenciennes. Sans motif sérieux, le directeur général de ce CH changeait l’affectation d’un praticien hospitalier le 15 octobre 2015, non sans avoir interrompu le versement d’une partie de son salaire. Le 24 mars 2016, le tribunal administratif de Lille suspendait cette mesure, et demandait le retour du PH dans son service au plus tard le 5 avril 2016. Comme au centre hospitalier Quinze-vingt, le jour de sa reprise de travail, le PH était de nouveau suspendu à titre conservatoire, sans que la direction n’oppose le moindre motif sérieux. « Ces deux décisions du directeur témoignent du désintérêt manifeste pour le code de santé publique d’une part et des décisions de justice d’autre part. Cette situation vient s’ajouter à un certain nombre d’éléments de gestion des personnels médicaux témoignant l’état de terreur régnant dans cet établissement », dénonçaient les intersyndicales.

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