Boston, Etats-Unis – Une analyse secondaire de l’étude PEGASUS-TIMI 54 confirme le taux élevé d’abandon du ticagrelor (Brilique®, Astra Zeneca), chez les patients traités par bithérapie antiplaquettaire en prévention secondaire après un infarctus du myocarde [1].
Selon les résultats publiés dans le Journal de l’American Medical Association - Cardiology, le taux d’abandon à 1 an dans PEGASUS serait de 24% dans le bras ticagrelor 2x90 mg/j, de 19,8% dans le groupe ticagrelor 2x60 mg/j, et de 12% dans le bras placebo. Passée la première année, l’écart se réduit, mais reste significatif à près de 3 ans.
Un éditorial signé dans le JAMA par les Drs Christopher Granger (Duke University, Durham, Etats-Unis) et Peter Berger (Northwell Health, Great Neck, Etats-Unis) enfonce le clou en rappelant que l’observance dans la vraie vie est souvent moindre que celle rapportée dans les essais cliniques.
Le taux élevé d’abandon du ticagrelor en prévention secondaire n’est pas une découverte. On sait que les dyspnées fréquentes, si elles sont mal encadrées, inquiètent ou découragent un certain nombre de patients. A quoi s’ajoutent les hémorragies, que des investigateurs peuvent classer comme mineures, et qui pour autant, n’en sont pas toujours vécues comme mineures par les patients. On sait par ailleurs ces effets dose-dépendants, et c’est bien la raison pour laquelle l’AMM américaine et l’ AMM européenne du ticagrelor en prévention secondaire post-IDM (c’est-à-dire passés les 12 premiers mois de la phase aiguë) n’ont été délivrées que pour la dose de 2x60 mg/j. Une décision pour laquelle les résultats de PEGASUS avaient déjà pesé. |
Arrêt : risque maximal la première année
Aujourd’hui, de nouvelles données d’observance un peu plus précises sont publiées sur cette très vaste étude (plus de 21 000 patients, traités en moyenne 1,7 ans après un IDM ST- ou ST+ (53%) par 75-150 mg/j d’aspirine, et 2x90 mg/j ou 2x60 mg/j de ticagrelor, ou placebo).
Avec un suivi médian de 33 mois, les taux d’abandon du traitement sont de 32%, 29% et 21% dans les groupes ticagrelor 2x90 mg/j, ticagrelor 2X60 mg/j et placebo, respectivement (p<0,001).
On note que lorsqu’arrêt il y a, c’est la première année que le risque est maximal. Ainsi, par rapport au placebo, le risque relatif d’abandon de traitement sous ticagrelor 2x90 mg/j est de 2 [1,84-2,16] la première année, puis se stabilise à 1,12 [1-1,26] la seconde et la troisième année. Pour la dose de 2x60 mg/j, le schéma est le même, avec un RR de 1,59 [1,46-1,73] la première année, puis de 1,18 [1,06-1,32] les deux années suivantes.
En ce qui concerne les motifs d’interruption, des effets indésirables ont pu être mis en cause dans 19%, 16% et 9% des interruptions observées dans les trois groupes respectivement (p<0,001). Par ordre de fréquence, les hémorragies viennent en tête des effets indésirables motivant l’arrêt (7,8%, 6,2% et 1,5% ; p<0,001), suivies de près par les dyspnées (6,5%, 4,6% et 0,8% ; p<0,001).
Citer cet article: Vincent Bargoin. Ticagrelor en prévention secondaire : quid des effets indésirables ? - Medscape - 28 juin 2016.
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