Sur le plan de la sécurité, la fréquence des néoplasies bénignes ou malignes n’est pas significativement supérieure dans le groupe liraglutide, dans lequel on relève moins de cancer de la prostate (n=26 vs. 47) et moins de leucémies (n=5 vs. 14), mais davantage de cancers du pancréas (n=13 vs. 5). Les pancréatites aiguës, au contraire moins nombreuses dans le groupe liraglutide (n=18 vs. 23), ne sont pas en faveur d’un retentissement pancréatique du traitement.
« Les études randomisés de ce type, malgré leur taille, n’ont pas la puissance nécessaire pour préciser l’effet des médicaments sur le risque de cancer, ni pour le confirmer, ni pour l’exclure », rappellent les auteurs. On peut toutefois penser que le pancréas sera suivi de près dans les prochaines études.
On note également davantage de lithiases biliaires sous liraglutide (n=145 vs. 90 dont 40 cas sévères vs. 31 ; p<0,001), mais moins d’hypoglycémies sévères (n=114 vs. 153). Le traitement par insuline, plus fréquent dans le groupe placebo, est probablement en cause. Les hypoglycémies sévères confirmées ne sont cependant pas différentes d’un groupe à l’autre (p=0,06).
Enfin, si les deux groupes ne se distinguent pas par la fréquence des effets indésirables sévères (32,2% vs. 32,8% ; p=0,51), les effets conduisant à une interruption permanente de traitement sont plus fréquents dans le groupe liraglutide (9,5% vs. 7,3% ; p<0,001).
Où l’on parle de la concurrence
Dans leur discussion, les auteurs reconnaissent que le constat d’efficacité et de sécurité est limité à la période de suivi. Ils indiquent également que, compte-tenu du recrutement de patients à haut risque CV, « les bénéfices et risques observés pourraient ne pas concerner les patients à plus faible risque ».
Après, la bataille s’engage pour le positionnement marketing. « Le profil du bénéfice CV associé au liraglutide diffère de celui observé avec l’empagliflozine dans EMPA-REG OUTCOME. Dans ce dernier, le bénéfice apparait plus précocement, tandis que l’hétérogénéité et l’amplitude des effets sur les composantes du critère primaire diffèrent de la cohérence observée dans le présent essai. Bien que ces différences puissent refléter les populations de patients ou un effet du hasard, le bénéfice observé [dans EMPA-REG] pourrait être lié à des modifications hémodynamiques, tandis que [dans LEADER], le bénéfice observé est possiblement lié à une inflexion dans la progression de l’athérosclérose ».
« Il faut souligner que dans l’essai ELIXA (Evaluation of Lixisenatide in Acute Coronary Syndrome), l’agoniste GLP-1 lixisenatide, à durée d’action plus courte et structurellement différent du liraglutide, n’a montré aucun bénéfice CV chez des patients diabétiques présentant un syndrome coronarien aigu récent. Dans de nombreux autres essais menés chez des diabétiques à haut risque CV, un effet de même ampleur a été montré sur le contrôle glycémique, mais pas de bénéfice significatif sur les évènements CV et les décès. Il s’agit notamment d’essais menés avec l’insuline, les thiazolidinédiones, et les inhibiteurs de DPP-4 ».
La première étape, peut-être, serait de comprendre le mécanisme du bénéfice observé, et ceci vaut aussi bien pour l’empagliflozine que pour le liraglutide.
L’étude a été financée par Novo Nordisk, et a bénéficié d’une bourse du National Institutes of Health américain. Les déclarations d’intérêt des auteurs sont disponibles dans le NEJM. Le Dr Boris Hansel a déclaré les liens financiers suivants: • Exerce (a exercé) les fonctions d’administrateur, membre de la direction, associé, employé, conseiller, consultant ou fidéicommissaire pour : Medical Expert Systems, SMARTSANTE, JALMA, Sanofi, UNILEVER |
REFERENCE :
Marso SP, Daniels GH, Brown-Frandsen K et coll. Liraglutide and cardiovascular outcomes in type 2 diabetes . N Engl J Med ; DOI: 10.1056/NEJMoa1603827 (mis en ligne le 13 juin 2016).
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Citer cet article: Vincent Bargoin. L’agoniste GLP-1 liraglutide réduit les évènements CV dans LEADER - Medscape - 16 juin 2016.
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