Patient transporteur de drogue en intra-digestif: quelle prise en charge?

Vincent Richeux

Auteurs et déclarations

15 juin 2016

En cas d'intoxication survenant chez les body-packers, il s'agit en général d'une intoxication sévère à la cocaïne pure. Par contre, chez les body-stuffers, les contenus parfois indéfinis des boulettes peuvent compliquer la prise en charge, a ajouté le Pr Yersin, ce qui peut justifier, selon lui, le recours à un monitoring en continu.

Selon un bilan portant sur près de dix ans d'activité, le service des urgences du CHUV a pris en charge un total de 133 patients transportant de la drogue en intra-digestif. Excepté une femme âgée de 60 ans, dissimulant de la cocaïne depuis le Brésil, les patients étaient majoritairement des hommes jeunes (moins de 30 ans).

Jusqu'à 100 capsules par individu

Dans 60% des cas (n=83), il s'agissait de body-stuffers. En moyenne, 9 boulettes ont été retrouvées dans le système digestif des body-stuffers, contre 34 "fingers" chez les body-packers, « avec un maximum de 100 capsules réparties dans tout le tractus digestif ». La cocaïne représentait 60% des contenus trouvés.

Le Pr Yersin a illustré la prise en charge de complications d'ordre mécanique, à travers trois cas cliniques. Le premier concerne un jeune homme de 25 ans interpellé dans la rue. L'examen par scanner a révélé plusieurs boulettes, principalement au niveau gastrique.

« Après 48 heures de surveillance, il a développé des douleurs abdominales croissantes, qui ont amené à effectuer une laparatomie. L'opération a permis d'extraire un "finger" de plus de 2 cm de diamètre, pour 5 cm de long. Les autres boulettes ont, par, contre progressé naturellement. »

Dans le deuxième cas, un seul "finger" a été identifié au niveau intra-gastrique. Six jours après l'hospitalisation, des douleurs abdominales ont conduit à une gastrostomie, qui a permis d'extraire une capsule de 5,5 cm sur 2 cm de diamètre.

A la même période, une situation similaire a été rapportée pour une patiente transportant également de grosses capsules. « Ce qui laisse penser que les trafiquants surestimaient alors la capacité du corps à transporter des éléments de grande taille », a commenté le Pr Yersin.

 

REFERENCE:

1. Yersin B, Le speed, le fêtard et la mule: body-packers, 2 juin 2016, congrès Urgences 2016, Paris

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