Patient transporteur de drogue en intra-digestif: quelle prise en charge?

Vincent Richeux

Auteurs et déclarations

15 juin 2016

Paris, France — Les personnes transportant de la drogue en intra-corporel sur une longue distance (mules), sont plus souvent à risque de complications mécaniques, que d'intoxication sévère par rupture des contenants, a souligné le Pr Bertrand Yersin, chef du service des urgences du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) de Lausanne (Suisse), au cours d'une présentation au congrès Urgences 2016 .

En Suisse, « le CHUV de Lausanne est considéré par les forces de l'ordre comme le centre de référence pour la prise en charge des personnes suspectées de dissimuler des substances illicites en intra-corporel », a indiqué le Pr Yersin

Body-packer, body-stuffer et body-pusher

Parmi ces transporteurs de drogue, on distingue les body-packers ou mules, qui portent des capsules sur plusieurs jours, des body-stuffers, généralement des dealers de rue, qui avalent des substances souvent mal emballées, avant ou pendant un contrôle de police. Lorsque le portage est anal ou vaginal, on parle de body-pushers.

Dans le cas des body-packers, les capsules, nommées "fingers", ont une taille moyenne de 4 cm, pour 1 à 2 cm de diamètre. Elles contiennent, en général, de la cocaïne. « Les trafiquants ayant tout intérêt à assurer un maximum de sécurité, elles sont extrêmement bien emballée », avec plusieurs couches de matière souple et hermétique, a précisé l'urgentiste.

 
Le scanner abdominal est l'examen à privilégier pour vérifier si la personne prise en charge transporte des produits illicites -- Pr Bertrand Yersin
 

Pour les body-stuffers, « les produits sont généralement sous forme de petites boulettes, emballées dans de la cellophane, voire de l’aluminium ». Alors que l'intoxication aiguë reste rare chez les body-backers, « l'overdose est plus fréquente chez les body-stuffers », qui se risquent davantage à ingérer des produits mal emballés.

Selon le Pr Yersin, « le scanner abdominal est l'examen à privilégier pour vérifier si la personne prise en charge transporte des produits illicites. Il présente une excellente sensibilité et une très bonne spécificité ». En revanche, la radiographie du thorax et de l'abdomen a un intérêt limité.

133 patients en 10 ans

Lorsque la présence de capsule est confirmée, les patients (body-packer et body-stuffer) sont admis aux urgences pour observation, jusqu'à expulsion des produits. « Les laxatifs, comme le lactulose, peuvent être utilisés, en évitant ceux à base de paraffine, qui risquent d'assouplir l'enveloppe des capsules ».

L'expulsion se déroule en général sans complications. Si les body-stuffers ont plus de risque de s'intoxiquer, les body-packers sont, quant à eux, davantage à risque d'occlusion intestinale, voire de perforation digestive. Pour ces derniers, « les complications nécessitent, dans la plupart des cas, une intervention chirurgicale ».

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