Paris, France -Deux événements récents, la mort du footballeur camerounais David Ekeng sur le terrain en Roumanie le 6 mai dernier, et l’arrêt cardiaque de David Ginola lors d’un match entre amis, ont ravivé la question du risque de mort subite lié à la pratique du football. S’agit-il d’un sport particulièrement à risque cardiovasculaire ? Faut-il incriminer le dépistage ? Le dopage ? Nous avons interrogé le Pr François Carré , cardiologue du sport à Rennes.

Pr François Carré
Medscape -Le foot est-il un sport à risque cardiovasculaire ?
Pr François Carré – Le foot n’est pas le sport qui pose le plus de problèmes quand on regarde les accidents cardiovasculaires liés au sport dans la population générale. Dans le travail mené avec le club des cardiologues du sport en Aquitaine et dans la publication de Xavier Jouven (HEGP, Paris), les sports qui sortent le plus au niveau français sont le vélo et la course à pied, tout simplement parce que ce sont ceux qui ont le plus de pratiquants. En réalité, il n’y a pas vraiment de sports plus sollicitant que d’autres, c’est l’intensité de l’exercice qu’il faut considérer.
Peut-on comparer la mort subite de David Ekeng et l’accident coronaire de David Ginola ?
Pr François Carré – Le footballeur camerounais de 26 ans, David Ekeng, qui jouait en Roumanie et qui avait joué précédemment au Mans, n’est probablement pas mort d’un problème coronarien, vu son âge. D’après ce que j’ai lu dans la presse, il avait, dit-on, une pathologie cardiaque mais je ne sais pas laquelle et je ne sais pas non plus quel avait été le bilan fait en France (NDLR : ce joueur n’a pas été massé, ni défibrillé sur le terrain).
Le cas de David Ginola est celui de monsieur tout le monde : à partir du moment où on arrête la pratique du sport de haut niveau, si on n’a pas une hygiène de vie irréprochable, on se retrouve au même niveau de risque qu’un non sportif. Le match de foot sur un terrain de golf entre copains a révélé une pathologie coronarienne. Ginola a eu la chance d’être bien encadré en étant massé immédiatement et défibrillé, puis il a été revascularisé avec un quadruple pontage. Le fait d’avoir été un ancien sportif de haut niveau n’immunise pas contre les maladies cardiovasculaires, a fortiori si on a des facteurs de risque. Je peux aussi citer le cas du très grand champion néerlandais (1970-78), Johan Cruijff, décédé récemment d’un cancer du poumon et qui avait aussi bénéficié d’un pontage sur les coronaires quand il était entraineur de Barcelone. Son addiction au tabac, même quand il était joueur en équipe, était de notoriété publique.
Citer cet article: Dr Catherine Desmoulins. David Ginola, David Ekeng…: nos questions au Pr François Carré sur foot et arrêt cardiaque - Medscape - 2 juin 2016.
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