Euro 2016 : risque de blessures chez des joueurs épuisés par leur saison

Vincent Bargoin

Auteurs et déclarations

7 juin 2016

Rennes, France – La préparation physique et médicale des joueurs de l’Euro 2016 s’annonce comme une gageure. Il s’agit en effet de relancer dans des matchs du plus haut niveau, des joueurs qui arrivent en fin de saison, à la limite de l’épuisement pour certains.

La coupure entre saison nationale et Euro sera d’une semaine. Dans ces conditions, le risque de blessure est élevé, et la préparation devra en tenir compte.

Dr Karl Chaory

« Le stage de début de saison a pour objectif d’améliorer la performance », explique à Medscape édition française le Dr Karl Chaory (médecin du sport à Rennes, ancien médecin du Stade Rennais). « Lors de l’Euro 2016, les joueurs seront prêts sur le plan des performances, mais épuisés ».

« L’objectif sera donc la prévention des lésions, car sur un parcours de 6 semaines, on n’a pas le temps de guérir : en cas de déchirure musculaire par exemple, l’Euro est terminé pour le joueur ».

On fera donc des évaluations au cas par cas, avec un programme personnalisé à la clé.

« Les médecins de sélection ont suivi l’actualité de chaque joueur », indique le Dr Chaory. « Pour chacun, on fera le bilan de l’année écoulée, du nombre de matchs joués – jusqu’à une cinquantaine pour certains joueurs – et des blessures éventuelles en cours de saison ».

« Des joueurs comme Griezmann, qui a multiplié les matchs avec l’Atlético de Madrid, sur un mode très physique, seront particulièrement surveillés », ajoute-t-il.

Les ischio-jambiers, talon d’Achille du footballeur

La blessure aux muscles ischio-jambiers représente 80% des blessures survenant en milieu professionnel.

En pratique, chaque sélection aura un staff médecin, kinésithérapeute, ostéopathe, avec accès à diverses techniques jusqu’à la cryothérapie corps entier, pour « refaire le stock d’une saison qui court depuis juillet dernier ».

Plus spécifiquement, ce sont les muscles ischio-jambiers qui feront l’objet de toutes les attentions.

« Aujourd’hui, les entorses et autres lésions ligamentaires sont beaucoup mieux prévenues grâce à un travail sur les appuis au sol », explique le Dr Chaory. Reste les accidents musculaires, qui ont tendance à augmenter, puisqu’avec cette meilleure assise, la musculation se développe.

« La blessure aux muscles ischio-jambiers arrive en tête de la traumatologie du football : elle représente 80% des blessures survenant en milieu professionnel, et probablement aussi la plus grande part des accidents chez l’amateur, même les lésions sont alors très certainement sous-diagnostiquées ».

Dans une visée préventive, on dispose de nouveaux outils de calcul de charge, ainsi que des tests isocinétiques, qui permettent d’établir un programme de musculation visant à rééquilibrer la musculation avant et arrière de la cuisse.

« Tous les joueurs seront pris en charge médicalement au maximum de ce que la prévention peut faire aujourd’hui. Mais il ne faut pas perdre de vue que c’est en définitive la qualité de l’entrainement qui fait la prévention ».

Le coin des amateurs
Toute pratique sportive implique bien sûr une hygiène de vie, portant notamment sur le sommeil et l’alimentation. Mais au footballeur amateur, qui « travaille en semaine et joue le dimanche », le Dr Chaory recommande de mettre l’accent sur l’activité physique et l’entrainement.

« Quel que soit le sport, l’entrainement est plus important que l’alimentation », insiste-t-il. « C’est l’entrainement qui tire l’hygiène de vie vers le haut, alors que l’inverse n’est pas forcément vrai ».

Au demeurant, le schéma rejoint celui de la lutte contre l’obésité, qui se concentre aujourd’hui davantage sur le problème de la sédentarité que sur l’alimentation.

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