Liraglutide dans l’insuffisance cardiaque : déception et signal de sécurité

Vincent Bargoin, avec Deborah Brauser

Auteurs et déclarations

26 mai 2016

Florence, Italie — Alors que le laboratoire Novo Nordisk a fait savoir par communiqué, à un mois d’intervalle, que ses analogues GLP1, liraglutide et semaglutide, réduisaient significativement le risque d’événements cardiovasculaires chez des diabétiques de type 2 à haut risque -études non encore présentées, ni publiées - une petite étude avec le liraglutide, présentée par le Dr Anders Jorsal (Aarhus, Danemark), lors du congrès Heart Failure 2016, obtient des résultats décevants chez des sujets insuffisants cardiaques (diabétiques ou pas) [1].

 
Bien que [la fréquence cardiaque] soit un critère secondaire, face à un patient diabétique insuffisant cardiaque, j’hésiterai à prescrire un analogue de GLP-1 -- Dr Anders Jorsal
 

Déception et même signal de sécurité dans l’étude LIVE avec le liraglutide (Victoza®), qui ne réussit pas à améliorer la fraction d’éjection ventriculaire gauche (FEVG) chez des sujets insuffisants cardiaques, diabétiques ou non. En outre, une augmentation inattendue de la fréquence cardiaque a été observée, ainsi qu’un excès significatif d’évènements cardiaques graves.

« Bien que [la fréquence cardiaque] soit un critère secondaire [dans LIVE], face à un patient diabétique insuffisant cardiaque, j’hésiterai à prescrire un analogue de GLP-1 », a-t-il indiqué.

Pour le Pr Michel Komajda (Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris), qui discutait la présentation, les résultats de LIVE sont décevants, et les effets secondaires observés, préoccupants. « Le liraglutide pourrait ne pas être le traitement de choix pour le diabète en cas d’insuffisance cardiaque ».

Antidiabétiques : vers une utilisation en cardiologie ?

L’évaluation de l’agoniste glucagon-like peptide 1 (GLP-1) dans l’insuffisance cardiaque, s’inscrit dans un mouvement amorcé par EMPA-REG , où l’empagliflozine (Jardiance®, Boehringer Ingelheim/Lilly) s’est montré capable de réduire spectaculairement les hospitalisations pour insuffisance cardiaque, et les mortalités CV et générale. Le liraglutide, qui a déjà bénéficié d’un élargissement d’indication au traitement de l’obésité, pouvait-t-il lui aussi impacter favorablement l’insuffisance cardiaque ?

L’an dernier, l’essai de phase 2 FIGHT (Functional Impact of GLP-1 for Heart Failure Treatment) n’avait montré ni bénéfice, ni effet délétère CV du liraglutide chez quelques 300 insuffisants cardiaques traités durant 6 mois.

Le signal de sécurité CV observé dans LIVE est donc le premier.

 

L’étude LIVE (The Effect of Liraglutide on Left Ventricular Function in Chronic Heart Failure Patients With and Without Type 2 Diabetes Mellitus) a été menée dans cinq centres danois, chez 241 sujets (89% d’hommes, 65 ans) présentant une insuffisance cardiaque chronique (IC) avec FEVG < 45% et classement NYHA compris entre 1 et 3.

L’originalité du protocole, pour un antidiabétique, tient à ce que 70% des patients n’étaient pas diabétiques : c’est donc bien l’effet cardiaque qui a été évalué.

L’essai a été mené versus placebo, durant 24 semaines. S’agissant du critère primaire, l’évolution de la FEVG, aucun effet du liraglutide n’a été observé, que ce soit que les sujets diabétiques ou non diabétiques (p=0,24).

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